C’est un terroriste ailé armé d’une arme redoutable qui a mis à mal les efforts des scientifiques du CERN pour remettre en route la plus grosse machine du monde, le Large hadron collider (LHC). L’attentat visait l’alimentation en électricité de l’un des dispositifs de refroidissement du LHC qui doit être maintenu à 1,9 °c au dessus du zéro absolu (-273,15°c). Une partie des 27 kilomètres de tunnel s’est brusquement réchauffée de 3 Kelvin (ou 3°c).
Petit rappel. Inauguré en grande pompe en septembre 2008, le LHC n’a fonctionné qu’une dizaine de jours avant d’être arrêté, terrassé par une fuite. A la fin du mois d’octobre de cette année, le CERN se réjouissait du “retour des particules dans le LHC”. Tout allait bien. Les scientifiques devaient remettre en marche progressivement les différents éléments de cette machine d’une extraordinaire complexité, avant de la faire repartir à plein régime avant Noël. C’est à ce moment là que survint le drame, bizarrement passé inaperçu en France – seul Denis Delbecq en a parlé sur Effets de terre, nous l’en remercions.
Que s’est-il passé ? Un communiqué laconique du CERN, aux faux airs de fable de Lafontaine, relate l’incident.
“Mardi 3 novembre, un oiseau transportant un morceau de pain a causé un court-circuit dans l’installation électrique extérieure qui alimente les secteurs 7-8 et 8-1 du LHC. Ceci a causé une interruption des systèmes cryogéniques du LHC. L’oiseau s’en est tiré, mais il a perdu son morceau de pain.”
Un piaf cassant la croûte peut donc empêcher les particules de tourner en rond à une vitesse proche de celle de la lumière…
A la lumière de récents articles scientifiques sur les déboires du LHC et de son mort-né prédécesseur américain, on peut voir en cet oiseau un envoyé du futur. Contre toute apparence, ce qui suit est on ne peut plus séreux.
Le but du LHC est de produire le fameux boson de Higgs en précipitant des faisceaux de particules les uns contre les autres. L’existence du boson de Higgs a été prédite par la théorie dite du “modèle standard”, mais personne n’a encore pu l’observer. Et pour cause, le boson serait apparu dans les premiers instants ayant suivi le big-bang…
Dans une série de papiers publiés sur le site consacré à la physique arXiv, deux physiciens de renom, Holger Bech Nielsen et Masao Ninomiya, estiment que les ratés du LHC comme celui du United-States supercollider pourraient être une sorte d’avertissement du futur.
Pour faire très, très simple, le futur influencerait le présent pour empêcher les découvertes sur le boson de Higgs. Les théories sur l’influence du futur sur le présent sont d’une telle complexité qu’il n’est vraiment pas aisé de les expliquer. Les anglophones pourront lire l’excellent article du New York Times sur le sujet. Il est tout de même conseillé de se munir d’un cachet d’aspirine.
http://sciences.blog.lemonde.fr/2009/11/08/le-lhc-loiseau-et-le-morceau-de-pain/#xtor=RSS-3208
L'article du Times
http://www.nytimes.com/2009/10/13/science/space/13lhc.html?_r=1&scp=1&sq=Ninomiya&st=cse