http://centrefrance.kewego.fr/video/iLyROoafvcvA.html
mercredi 10 mar, 11 h 39
PORT-AU-PRINCE (AFP) - Les yeux exorbités, les membres agités, la femme se met à caqueter comme une poule prise d'un mal soudain et s'accroupit brusquement.
PUBLICITÉ
Dans une bicoque de Cité Soleil, un bidonville de Port-au-Prince, la cérémonie vaudou bat son plein. Un fidèle noue un chiffon rouge au bras de la femme. Les tremblements qui agitaient son membre cessent sur le champ.
Pour eux, elle est possédée par l'esprit d'un mort, une des quelque 220.000 victimes du tremblement de terre du 12 janvier. En ce sens, elle est bénie.
Elle s'empare d'un couteau rongé par la rouille et commence une ronde autour de la pièce, avalant une lampée d'un alcool aromatisé à la cerise. Aucune peur dans les yeux de l'assistance. Des fidèles l'étreignent, l'embrassent.
Mais la ferveur qui se dégage du rituel masque mal le malaise des adeptes du vaudou en Haïti, qui se sentent rejetés par leurs compatriotes depuis le séisme.
Cette pratique syncrétiste, venue avec les esclaves d'Afrique de l'Ouest transplantés en Haïti, est toujours religion d'Etat, près de la moitié de la population y empruntant certaines pratiques selon des estimations. Mais elle est aujourd'hui concurrencée par les cultes protestants en expansion dans le pays - adventistes, baptistes ou évangéliques - dont certains fidèles l'accusent d'avoir déclenché un châtiment divin.
"Ils disent que c'est nous qui avons causé le tremblement de terre. Mais nous savons que nous ne sommes pas responsables, parce que c'est une catastrophe naturelle", explique à l'AFP Willer Jassaint, un prêtre vaudou.
Les accusations ont viré à la violence le 23 février, quand un groupe de chrétiens évangéliques a jeté des pierres sur les participants à une cérémonie vaudou.
Deux jours plus tard, Max Beauvoir, chef suprême du vaudou haïtien, a promis "la guerre ouverte" en cas de nouvelle agression.
Pour le moment, rien de tel ne s'est passé, mais dans les rues et églises de Port-au-Prince, la sourde animosité à l'égard du vaudou n'a pas disparu.
"Quand vous avez peur vous priez Dieu. Vous ne vous tournez vers personne à part Dieu. C'est pourquoi l'église est pleine ces derniers jours," lance Vilherne Petitfrere, une fidèle qui assiste à une messe du dimanche.
Une des explications à cette défiance est que les adeptes du vaudou se recrutent dans les strates les plus pauvres de la population, majoritaires mais stigmatisées dans ce pays, le plus pauvre des Amériques.
Mais le vaudou fait aussi peur, car il rappelle le règne de terreur de François "Papa Doc" Duvalier et son fils Jean-Claude "Baby Doc", qui de 1957 à 1986 se sont appuyés sur la croyance pour asseoir leur pouvoir sur le pays.
Dans la bicoque de Cité Soleil, les chants et les cris se sont tus. Les danseurs se sont éclipsés. Les bouteilles de rhum sont vides. Les prêtres disent vouloir organiser des cérémonies plus importantes, pour libérer les esprits des morts.
"Nous devons maintenir notre religion (...). Parce que notre religion, c'est notre âme", explique Willer Jassaint.
source: http://qc.news.yahoo.com/s/afp/100310/monde/ha__ti_s__isme_religion_soci__t
que pensez de tout ceci ?? ...