Rappel du premier message :Vivez en enfants de lumière !“Vivez en enfants de lumière !” Voyance, occultisme, attention danger Mgr Jean-Pierre Cattenoz
30 décembre 2008
L’archevêque d’Avignon met en garde les chrétiens de son diocèse contre la voyance et l’occultisme sous toutes ses formes. Surtout, Mgr Cattenoz les invite à vivre toujours davantage en enfants de lumière, dans la lumière du Christ, lui qui est source de la vie.
AU SEUIL de cette nouvelle année, les premières pages de nos journaux sont réservées à l’interview de voyantes à la mode ou de médiums célèbres qui nous donnent leur vision de l’année à venir, véritables prédictions de ce qui nous attend tout au long des prochains mois. Il en sera de même des journaux télévisés et de l’ensemble de la presse écrite. Nombreux sont d’ailleurs les lecteurs qui ouvriront leur quotidien ou leur hebdomadaire favori aux pages réservées à ces prédictions et à tous les horoscopes leur annonçant ce qui les attend pour cette nouvelle année.
I – UN VÉRITABLE RAZ-DE-MARÉE DANGEREUX
Ce phénomène est un véritable tsunami, un raz-de-marée qui submerge et envahit notre monde. En effet, au-delà des premiers jours de l’année, si vous ouvrez les pages centrales de bien des hebdomadaires — sans parler de la presse spécialisée —, vous n’aurez que l’embarras du choix entre marabouts, voyants et médiums, chacun utilisant tel ou tel support pour entrer en contact avec l’invisible : cartes, boules de cristal, lignes de la main, pendules, etc. Bien sûr toutes les petites annonces vous préciseront que l’intéressé n’a rien contre la morale et la religion.
Il est également fréquent aujourd’hui d’entendre des conversations vous faisant part d’expériences paranormales, d’authentiques contacts avec les morts en faisant tourner des tables ou des verres, de dons plus merveilleux les uns que les autres. Toute une frange de notre société flirte allégrement avec l’occultisme le plus noir sans se rendre compte des dangers encourus. La littérature sur la magie blanche ou noire fleurit sur les consoles des librairies. Il y a longtemps que les rayons consacrés à l’occultisme ou à l’ésotérisme à la FNAC ont pris le dessus sur le rayon indiquant « Religions ».
Au cœur même du monde des affaires, nous voyons apparaître des médiums pour entreprises qui se font grassement payer pour apporter leurs conseils en matière de placement ou d’embauche. Dans le monde du sport, un entraîneur national reconnaissait avoir fait appel à l’astrologie avant de donner la composition de son équipe. Combien d’hommes politiques ou de maires de nos grandes cités font appel à des voyants pour y voir clair dans leurs affaires et leur avenir.
Enfin, si vous êtes du genre sportif, des tour-opérateurs vous proposeront des parcours druidiques ou des stages de communication avec les elfes ; nous pourrions multiplier les faits bruts qui témoignent tous de l’engouement de notre monde moderne pour tout ce qui relève de l’occultisme.
Les chiffres sont également parlants. Un livre édité en 2007 sur le “B.A.BA” de la voyance précise que 21 % des femmes et 9 % des hommes ont déjà rencontré au moins une fois un ou une voyante et il ajoute que le chiffre d’affaires annuel global des quelques 100 000 professionnels de la voyance et de l’occulte est évalué en ce début du XXIe siècle à 3 milliards d’euros ce qui représente 15 millions de consultations. L’auteur ajoute d’ailleurs avec humour que ces chiffres ne tiennent pas compte du nombre de consultations qui ne sont pas déclarées.
Certaines statistiques, sur la base des déclarations officielles des professionnels de la divination inscrits à l’Urssaf montrent que ces derniers sont largement plus nombreux que les prêtres et que plus de 12 millions de Français ont recours régulièrement à leurs services et cela n’inclut pas, bien évidemment, le marché noir en ce domaine.
Ainsi, l’occultisme et la magie ne sont nullement relégués dans un monde lié à l’ignorance des peuples primitifs ; bien au contraire, notre occident moderne et civilisé n’a rien à envier aux sorcières des siècles passés. L’occultisme envahit nos écrans, nos boîtes aux lettres et nos conversations. Il devient même bien difficile de résister à la tentation.
II LES RAISONS DE CET ATTRAIT OU DE CETTE DÉRIVE
Comment, à partir de ce constat, cerner les raisons de cet attrait de notre société pour l’astrologie, la magie, l’occultisme, le New Age et le paranormal en général ? Plusieurs facteurs peuvent être avancés.
Il y a d’abord un facteur de bon sens : devant le malaise de notre société, la crise de la famille, la solitude affective, le chômage, la délinquance, le mal-être général, le stress, la dépression, les gens ont besoin de réconfort et, faute de le trouver dans l’Évangile et la foi, ils vont le chercher chez les voyants. Ils ont besoin d’être écoutés, accueillis, conseillés. Ils pourraient aller voir les psychologues ou les psychanalystes, mais ils s’y refusent par peur d’être considérés comme des malades. D’ailleurs, bien des voyants reconnaissent que beaucoup de clients ne viennent pas pour de la voyance pure, ils viennent tout autant pour être écoutés et conseillés.
Il y a certainement une insatisfaction qui habite le cœur de l’homme moderne. La société lui propose comme idéal de vie la réussite personnelle, la beauté physique, l’argent et surtout le plaisir : pourquoi s’en passer alors qu’il est là, à portée de main, à chaque instant de la vie. Le matérialisme moderne nous pousse également à avoir toujours plus, à consommer toujours davantage dans une fuite en avant sans fin, mais qui laisse l’homme éternellement insatisfait. En réalité, cette insatisfaction est normale, car la vocation de l’homme ne saurait se réduire à ce toujours plus matériel. Les mots de saint Augustin ont gardé toute leur actualité : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. » Cette insatisfaction de l’homme moderne devient même en quelque sorte une preuve que l’homme ne saurait se réduire à des besoins matériels et à un plaisir fondé sur la consommation de biens matériels.
Mais il y a peut-être aussi l’influence à long terme du syndrome que j’appellerais volontiers le syndrome des télécommandes. En effet, confortablement assis dans votre fauteuil, vous pouvez grâce à ce petit outil zapper d’une chaîne à l’autre, d’une image à l’autre, d’un bout du monde à l’autre sans jamais trouver de quoi vous rassasier. Le monde du zapping entraîne l’apparition d’un être nouveau toujours insatisfait, et surtout incapable de durer et de se réjouir dans la durée. Il faut toujours du nouveau, du neuf dans une fuite en avant sans fin.
À partir de là, le monde occulte devient fascinant, car il contient tout à la fois une part de sacré, un zeste de divin et un monde de phénomènes paranormaux susceptibles de nous apporter ce qui nous manque et qui nous fera enfin déboucher sur le bonheur que nous cherchons vainement.
Mais il faut aller jusqu’au bout des raisons qui peuvent pousser l’homme à se livrer à des pratiques occultes dont l’astrologie : il y a le désir de connaître son avenir et celui de ses proches par des moyens occultes afin principalement d’être rassuré et libéré de toute peur ; il y a le désir d’acquérir un pouvoir occulte pour infléchir l’avenir ou améliorer sa propre condition ou celle de ses proches ; il y a également le désir d’entrer en contact avec le monde des esprits pour communiquer ou croire communiquer avec les morts ; il y a enfin le désir terrible de vouloir entrer en contact avec Satan et ses anges.
Mais, attention, autant il est facile de faire ses premiers pas dans cette nébuleuse extrêmement vaste, autant il est difficile d’en sortir. Combien de drames, de personnes aliénées, esclaves pour avoir seulement commencé par consulter un médium sur l’Internet, “gratuitement” nous assure-t-on, juste histoire de se rassurer, de s’amuser un peu. Mais on ne joue pas avec le feu, le risque est grand de créer ainsi des liens avec les esprits diaboliques et dans le pire des cas d’en arriver à une véritable possession par des esprits diaboliques.
Alors que tous les repères anciens sont discrédités — le père, l’État, l’université, l’Église —, beaucoup de gens vont même chercher un chemin de bonheur et de paix intérieure dans “leur” spiritualité afin d’échapper à l’oppression et à la froideur du quotidien. Cette tension intérieure, cette recherche d’un équilibre de “l’harmonie intérieure”, donne un essor considérable à de nouvelles formes de méditation ou autres thérapies souvent empruntées aux sagesses orientales, mais sans plus aucune racine évangélique. Ainsi naissent et se développent de nombreux groupes et sectes ésotériques plus ou moins dangereux, où l’ésotérisme se mêle de près ou de loin à la magie ou à l’occultisme.
Certaines pratiques ésotériques tentent d’accéder à la connaissance du futur et pour ce faire, font appel à diverses formes de divination en particulier le spiritisme. D’autres pratiques visent à répondre au désir secret du cœur de l’homme de connaître son destin. Elles feront alors appel à la consultation des horoscopes, à l’astrologie, à l’interprétation des présages de toute sorte, à l’interrogation des médiums. Pire encore, certaines pratiques cherchent à s’unir à des puissances occultes pour obtenir un pouvoir sur autrui ; nous entrons alors dans le domaine de la magie blanche ou noire.
III – FAIRE LA VÉRITÉ ET VENIR A LA LUMIÈRE
En ces premiers jours de l’année, je voudrais rappeler à tous les chrétiens de mon diocèse non seulement qu’ils doivent s’interdire de s’adonner à l’occultisme, quel qu’il soit, mais également qu’ils ont le devoir d’informer et de dénoncer l’occultisme sous toutes ses formes, car il gratifie le Prince de ce monde, le Prince des ténèbres et conduit immanquablement à la ruine de l’homme. Ils doivent également dénoncer avec force le relativisme ambiant qui pousse l’homme à croire n’importe quoi puisque la vérité n’existe pas et que tout se vaut.
Mais plus encore, en ces premiers jours de l’année, je voudrais rappeler aux chrétiens de mon diocèse qu’ils ont le devoir d’annoncer Jésus Christ et Jésus Christ crucifié. Nous croyons en un Dieu personnel qui a un nom, qui s’est fait connaître et nous a révélé son amour. La révélation biblique est celle d’un Dieu qui a dit à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris et je suis descendu pour l’en libérer. » Toute la Bible est l’histoire de Dieu qui part à la recherche de l’homme qui a cru pouvoir trouver le bonheur loin de son créateur et n’a pu trouver qu’un chemin de souffrance et de mort. Dieu n’aura de cesse qu’il n’ait retrouvé l’homme pour lui redire son merveilleux projet d’amour pour lui. Pour cela, Dieu le Père nous donnera son Fils, celui-ci viendra partager notre aventure humaine. Nous avons fêté sa naissance il y a seulement quelques jours. Lui, le Fils, nous fera connaître le Père et par sa mort sur la croix, il se chargera de tout le mal de tous les hommes de tous les temps pour permettre de retrouver le chemin de la vie. De son cœur transpercé ont jailli les torrents de l’amour divin qui viennent redonner vie au monde. Une histoire d’amour commence alors pour l’homme, il est invité à trouver le chemin du bonheur dans une intimité toujours plus grande avec son Seigneur au cœur de l’Église. Cette vision de foi en ce Dieu qui me dit : je t’aime et je t’ai aimé sur la croix pour que tu puisses vivre dans mon amour, cette vision est incompatible avec toutes les perspectives ésotériques actuelles où on s’imagine rejoindre une entité supérieure, une énergie impersonnelle qui n’a ni nom ni visage.
Nier la réalité d’une authentique rencontre personnelle avec Dieu en Jésus Christ, c’est contraindre l’homme, dominé par la peur, à chercher ailleurs la vie, le bonheur et toutes les sécurités qui lui sont indispensables. Comme l’écrivait G. H. Chersterton : « Quand les gens cessent de croire en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient en rien, mais qu’ils croient en n’importe quoi. »
La parole de Dieu n’ignore pas toutes ces pratiques et sa position est ferme et claire. Elle ne conteste pas leur véracité, mais elle interdit absolument toute pratique de ce genre.
Essayons de faire rapidement la lumière dans cette nébuleuse obscure.
1/ Les pratiques occultes et le paranormal
Il existe une graduation dans les pratiques occultes. Le danger n’est pas de même nature selon les pratiques et la nature des actes réalisés : consulter en passant son horoscope n’a pas de conséquences aussi dramatiques que d’être pris dans les filets d’une secte satanique ; de même pour les séances de spiritisme, la voyance et la divination, les guérisseurs, magnétiseurs et radiesthésistes, la magie, la sorcellerie et l’envoûtement. Mais, dans tous les cas, il est risqué de s’aventurer sur ce terrain.
Le paranormal est constitué d’une nébuleuse extrêmement vaste. L’Église ne nie pas la réalité de phénomènes “paranormaux” c’est-à-dire dont la science officielle, dans l’état actuel de son avancement, ne peut expliquer la cause : télépathie, spiritisme, sorcellerie, voyance, lévitation, fantômes. Par contre, l’Église recommande un grand discernement, souvent difficile à opérer, sur ces sujets qui ne peuvent pas tous être traités de la même manière. Certains scientifiques, par exemple, s’intéressent à la parapsychologie et essaient d’aller de l’avant dans ce domaine, l’Église respecte leur recherche. Mais lorsqu’il s’agit de pratiques avec invocation d’entités supérieures, l’Église recommande la plus grande prudence, car nous ne savons pas ce que nous faisons. Nous sommes invités à prendre garde de ne pas invoquer des puissances malfaisantes, c’est-à-dire des êtres spirituels ou des démons que nous ne pourrions pas contrôler, et dont nous ne pourrions définir l’identité. Elle réprouve toute évocation des esprits, spiritisme, dialogue avec les morts, mantras, etc.
L’Église donne des éléments de discernement pour éviter que les personnes ne tombent dans des situations dangereuses ou pour les aider à en sortir. Il est important de différencier ce qui relève tout simplement de l’escroquerie pure, activité qui s’avère fort rentable ; ce qui relève de l’observation de la nature et de certains de ses phénomènes parfois inexpliqués ; ce qui relève de l’intelligence des praticiens notamment de certains « voyants ». Enfin, ce qui relève du contact avec des esprits mauvais. Il ne faut jamais hésiter à demander un discernement si on a un doute sur la nature et la gravité des actes commis.
2/ Les anges
Dans tout ce qui fait intervenir des entités spirituelles supérieures, il y a présence d’anges, soit bons, soit mauvais. Or, le propre des anges bons est d’intervenir uniquement dans un cadre fixé par Dieu pour mener les hommes au bien, à la vérité ou à l’amour authentique de Dieu et de leurs frères. Jamais un bon ange n’interviendra pour conférer aux hommes un pouvoir de domination sur les autres ou une capacité à prédire l’avenir, quel qu’il soit ; ils sont toujours et partout au service de Dieu et de son projet d’amour. En l’absence d’anges bons, ce sont forcément les anges mauvais qui se manifestent. Or ceux-ci se cachent ! Le propre des mauvais esprits est de mentir et de se révéler en êtres bienfaisants alors qu’ils sont malfaisants. Le démon sait très bien se déguiser en ange de lumière pour abuser ceux qui s’approchent de lui.
3/ L’astrologie
Il ne s’agit pas ici de s’interroger sur le caractère prétendument scientifique de l’astrologie — elle ne l’est pas —, mais sur le fait que non seulement beaucoup d’astrologues se disent « chrétiens », invoquent Jésus, Marie ou des saints et s’entourent de médailles ou même de statues, mais surtout que beaucoup de personnes qui les consultent se disent aussi chrétiens. L’astrologie est-elle donc conciliable avec la foi chrétienne ? Peut-on demander aux étoiles de nous rassurer sur notre futur ? Peut-on les supplier de nous accorder un peu de bonheur — titre du Salon de la voyance à Avignon en novembre 2008 ?
L’astrologie est une pratique superstitieuse qui conduit à d’autres formes de superstition, à la perte de la foi et mène souvent à d’autres pratiques plus graves de l’occultisme.
« On y risque surtout une dépendance. On ne fait rien sans consulter son horoscope quotidien. On finit par perdre l’usage normal de la réflexion et de la mise en œuvre de l’esprit d’initiative. On peut ainsi se plonger dans une paralysie malsaine qui s’enracine dans la peur et dans l’angoisse. On peut aussi finir par développer un attrait assez fort pour la divination, à partir de supports ésotériques, et tomber dans le domaine de l’occultisme. Porter une médaille avec son signe zodiacal est une façon d’afficher extérieurement qu’on croit en la puissance des astres. C’est donc à l’opposé de la foi chrétienne, car il s’agit de croyances païennes. Un vrai chrétien ne devrait jamais porter ce genre de pendentif [1]. »
L’astrologie donne une fausse idée de la création, de l’homme et de sa liberté : elle dépeint l’homme comme le jouet des astres, qui déterminent sa vie jusque dans ses moindres détails. Or, les astres ont pour mission de « raconter la gloire de Dieu » et de « manifester l’œuvre de ses mains » (Psaume 19,1), non d’influer sur le destin de l’homme.
La révélation a désacralisé l’univers. Le récit de la Création dans la Genèse va clairement contre l’existence de divinités célestes. Le Ciel, la lune et les astres sont tous créés par Dieu. L’univers n’est plus divin et n’est pas non plus l’avatar d’un divin impersonnel, mais il jaillit de la libre volonté de Dieu, l’Unique, rendant ainsi aux hommes leur liberté. Attribuer aux astres ce qui appartient à Dieu seul est idolâtrie. Dieu a créé l’homme à son image et donc fondamentalement libre.
L’astrologie est moins inoffensive qu’on pourrait le croire. Consulter son horoscope peut vite devenir insuffisant, surtout à l’époque actuelle où le marché des produits proposés est tellement vaste ! Ainsi, graduellement ou très vite, beaucoup d’autres portes vont s’ouvrir à toutes sortes de pratiques relevant du New Age, de l’ésotérisme, de la magie, etc. ou encore de croyances relevant de la réincarnation, du karma. Et tout cela bien souvent à notre insu.
On l’a vu, la superstition entraîne toujours une dépendance à quelque chose. Dès qu’elle ne suffit plus, on passe à l’ésotérisme ou à l’occultisme. Le point fondamental de l’ésotérisme consiste à croire en la révélation d’une tradition cachée depuis des millénaires, qui s’exprime à travers des symboles, des mythes, des religions ou des philosophies réservées à des adeptes privilégiés. Selon ces doctrines, l’homme se décompose en trois principes : le principe physique d’origine terrestre, le corps ; le principe astral et le principe spirituel d’origine divine.
L’occultisme, le monde de la magie, de la sorcellerie et de l’alchimie, dépendent quant à eux du pouvoir d’« êtres supérieurs » transmis à certains privilégiés grâce à une initiation.
4/ La voyance et la divination
Avec la voyance, nous entrons encore plus avant dans le monde de l’occulte. Le voyant utilise différents procédés pour pratiquer son art divinatoire (tarots, lecture des lignes de la main, boule de cristal, numérologie, médiumnité, télépathie, catoptromancie — la divination par le miroir —, rêves prémonitoires…).
Dans les Actes des Apôtres, saint Paul est confronté à une Pythonisse, « une jeune servante qui avait en elle un esprit de voyance », qui le poursuit de ses cris. Saint Paul se retourne et ordonne à l’esprit de quitter cette femme « au nom de Jésus Christ » (cf. Ac 16, 18). La femme est immédiatement libérée de l’esprit. Mais ceux qui convoitaient les prédictions de la pythonisse sont furieux et décident de mettre à mort saint Paul.
Contrairement à Dieu, l’homme ne peut connaître l’avenir, car il est engagé dans le temps. Les anges, bons ou mauvais, ne connaissent pas l’avenir autrement que dans la mesure permise par Dieu. Lorsque des voyants prétendent pouvoir lire l’avenir dans différents supports, ils peuvent anticiper des choses prévisibles, c’est-à-dire accessibles à une déduction, un raisonnement. En faisant intervenir des entités supérieures, ils peuvent obtenir d’elles une certaine connaissance de choses prévisibles, car elles ont une vue plus perçante que la nôtre. Mais cela se limite à un futur très proche.
Le grand danger réside dans le fait qu’il est possible pour le voyant, par l’intermédiaire des mauvais esprits, de connaître le passé puisqu’il a existé, et ainsi de tromper la personne qui le consulte. L’avenir en revanche ne peut jamais être connu : il n’appartient qu’à Dieu, un Dieu plein d’amour et de tendresse et non à de froides étoiles « où tout serait écrit ».
Là, il y a mise en danger par l’homme de sa propre liberté, dépendance psychologique, risque de manipulation par des esprits dont on ne sait d’où ils proviennent — en fait, on en connaît trop bien l’origine ! —…
5/ Esprits des morts, fantômes, spiritisme…
Le Christ est ressuscité une fois pour toutes ! Si les esprits des morts sont incapables de communiquer avec nous directement, il existe un lien de communion entre eux et nous, un lien puissant, celui de la prière dans la Communion des saints. Le chrétien, sûr de la résurrection des morts, n’a absolument pas besoin du spiritisme pour rejoindre ses frères aînés dans le mystère de la Communion des saints. Il sait également que le jour viendra, au terme de l’histoire, où Dieu fera toutes choses nouvelles et où les âmes séparées retrouveront le corps pour lequel elles sont faites et pourront ainsi vivre pleinement dans leur humanité transfigurée en gloire.
Les esprits, que l’on dit si avides de communiquer avec les humains, empruntant même le téléphone ou la télévision, et qui sont capables d’agir sur la matière comme sur la pensée, ces esprits ne sont pas des âmes errantes, mais tout simplement des démons qui tentent de séduire les humains en quête d’informations sur l’au-delà. Lorsque la flamme de la résurrection s’est éteinte, tout espoir est bon à saisir, toute voix issue de l’autre côté du voile est écoutée religieusement, et les anges déchus prospèrent (cf. le site du Père Joseph-Marie Verlinde) !
« Le démon est capable, quasi parfaitement, d’imiter — de reproduire — d’innombrables éléments ou formes naturelles jusque dans certaines expériences particulières de spiritisme. Il est vrai qu’une véritable séance de spiritisme ou de nécromancie n’est pas formellement une expérience qui relève du satanisme ou des pratiques sataniques. Le channeling non plus, ni l’occultisme ou encore des pratiques telles que des expériences avérées de médiumnité ou de chamanisme. Mais en réalité, une emprise démoniaque est souvent à l’origine, de façon plus ou moins sous-jacente derrière chacune de ces pratiques [2]. »
Si la Parole de Dieu et l’Église mettent si sévèrement en garde les chrétiens contre toute curiosité dans ce domaine, c’est uniquement pour les préserver de l’aliénation qui suit immanquablement la participation à ce genre de séance. La destinée de l’homme est de devenir temple de l’Esprit Saint (1 Co 3,16) et non pas repaire des démons se faisant passer pour des « esprits de défunts ». « L’Adversaire est habile à appâter notre curiosité et quand il jette le masque… c’est trop tard [3]. »
L’Église à cet égard réclame la plus grande prudence : le spiritisme fait intervenir des entités qu’on ne peut contrôler et dont on va devenir dépendant. Dans les phénomènes qui touchent aux démons, on trouve ce que l’on appelle des « portes d’entrée ». L’homme est fragile. Il peut ouvrir des portes à ces entités spirituelles mauvaises qui vont entrer dans sa vie, son corps ou son psychisme jusqu’à l’aliéner. Le spiritisme est une forme d’invocation qui attire le mal et le malin.
La pratique du spiritisme est fascinante, mais destructrice. Beaucoup de jeunes qui ont participé à de nombreuses séances sont profondément atteints dans leur psychisme. L’Église l’explique de manière très simple. Lorsqu’on invoque les morts, on entre en contact avec des esprits mauvais qui prennent la place de nos morts et s’immiscent dans notre psychisme. C’est un terrain privilégié pour les mauvais anges, menteurs. L’homme risque l’aliénation et il risque de se faire manipuler par des esprits dont il ne peut discerner la provenance.
6/ Guérisseurs, don de guérison
Nous retrouvons ici une conception de la médecine pénétrée de magie, d’animisme — qui estime encore que tout cela était réservé au Moyen Âge ? —, où certains praticiens s’arment de pendules, imposent les mains, parlent d’énergie, de magnétisme ou d’onde.
Dans certaines médecines, dites naturelles, des entités supérieures sont sollicitées pour obtenir des guérisons. Ce peut être un magnétiseur, un guérisseur, mais aussi tel kinésithérapeute ou ostéopathe, qui pendant la consultation imposent les mains sur leurs patients et récitent des formules. Généralement, ces pouvoirs sont développés dans une recherche ésotérique ou occulte. Les praticiens s’initient à une « approche » médicale et thérapeutique souvent qualifiée d’« holistique » — c’est-à-dire qui prend en compte l’ensemble de l’homme, le corps et l’âme, ce qui en soi n’a rien de contestable, bien au contraire, car l’Église n’a jamais cessé de préconiser une médecine humaine, complète, proche des patients —, mais qui dans les faits va bien au-delà.
Parce que l’on ne connaît pas les puissances invoquées pendant ces séances, l’Église récuse tout comportement de ce type. Même dans le cas très populaire du « don » pour éteindre le feu, c’est-à-dire les brûlures. Elle invite donc tout patient qui devrait se trouver dans de telles situations à faire en sorte que cela ne se reproduise pas, et dans le cas où il s’y trouverait involontairement, à prier en silence Jésus. Le motif est toujours le même : nous sommes le temple de l’Esprit Saint.
S’agissant des dons (guérisons, etc.), l’Église nous donne des clefs de discernement : elle enseigne qu’on ne peut pas les utiliser à notre profit, ni même pour le bien des autres, sauf si Dieu donne, dans certaines circonstances très particulières, comme la prière en groupe, pour le bien de l’ensemble de la communauté et de manière temporaire, ce que l’Église appelle un charisme de guérison.
7/ Nouvelles thérapies, méditations New Age et prière chrétienne
« Pensez à votre propre corps du point de vue énergétique », « retrouvez l’harmonie grâce à l’étincelle divine présente en vous »… Nous vivons immergés dans un vaste syncrétisme médico-spirituel mélangeant allègrement : Extrême Orient (théories du Feng Shui, des Chakras issus du Kundalini-yoga, Chamanisme, etc.), méthodes psychologiques, médecines douces et autres… Dans ces nouvelles formes de méditation, le corps, la posture, la respiration jouent un rôle considérable.
Pour remédier à l’insécurité ambiante, dans notre société consumériste, de véritables supermarchés de la spiritualité sont édifiés. L’individu y choisit ce qu’il pense lui convenir le mieux, car il rejette toute autorité. Mais, si chacun veut être original, le résultat au final est plutôt stéréotypé…
Voici une recette spécialement concoctée :
- « une pincée de psychologie de vulgarisation centrée sur l’épanouissement personnel,
- être bien dans sa peau,
- parler de réincarnations, de karma, de maîtrise du souffle, de chakras et surtout promettre de devenir “zen”,
- inviter à méditer, à descendre en soi, surtout sans préciser ce que l’on méditera, ni ce qu’on risque de trouver,
- s’inscrire dans la grande tradition des astrologues de l’Égypte ou de la Mésopotamie, sans négliger de se référer aux spéculations astrologiques (l’ère nouvelle annoncée serait celle du Verseau succédant à celle du christianisme),
- recueillir l’héritage de tous les animismes et panthéismes de partout,
- recueillir et libérer les énergies vitales qui sommeillent en nous… (?),
- les réorienter pour les mettre en communion avec celles de la nature,
- détecter ces énergies à l’aide du pendule, et des diverses techniques de la radiesthésie et du magnétisme,
- remonter à vos vies antérieures et entrer en communication avec les esprits de vos ancêtres,
- ne pas négliger l’expérience de contact avec la Nature qu’avaient ou qu’ont encore les chamans, les sorciers et autres guérisseurs africains ou amérindiens,
- redécouvrir et développer notre médiumnité naturelle,
- et pour finir, pendant que le chaudron est sur le feu, une grande gentillesse et un air de complicité : « Vous avez de la chance d’être ainsi initié. Ces enseignements sont réservés à ceux qui, comme vous, sont capables d’en tirer profit. »
Ne vous posez pas trop vite la question de la facture. Elle est généralement très élevée. « Mais vous ne regretterez pas l’expérience et même vous en redemanderez [4] ! »
Sans entrer aucunement dans le détail de ces nouvelles “thérapies” ou méditations, le document sur la méditation chrétienne publié par la Congrégation pour la doctrine de la foi est de grande actualité et donne quelques clefs de discernement [5].
Certes, certaines de ces techniques contiennent des éléments importants : rôle du silence, la force régénérante de la méditation et la relation étroite entre le corps et l’âme. Cependant, la prière chrétienne est avant tout un dialogue d’amour, de personne à personne, un cœur à cœur, et non un monologue. Ensuite, toutes ces propositions ne cherchent pas à connaître un Autre mais soi-même, son propre corps pour son “bien-être” personnel. Aussi utile que cela puisse paraître, cela n’a rien à voir avec la méditation chrétienne, qui est toujours dialogue avec Dieu et qui ouvre à l’autre.
D’autres formes de méditation vont plus loin encore. Elles prétendent trouver l’étincelle divine contenue en chacun afin de rendre possible que le « je » se perde dans l’Être infini de l’Absolu comme une goutte d’eau dans la mer. Ces conceptions de la prière qui dérivent de l’Orient contiennent une fausse idée de Dieu et de l’homme. Là encore est nié le fait que Dieu est une Personne à qui je peux parler et qui m’écoute. Dieu est conçu comme une énergie impersonnelle, un principe cosmique, “une étincelle divine en moi”. Disparaissent le Créateur et la créature : Nous trouvons le divin, notre divin en nous ; en d’autres termes : « nous sommes Dieu ».
Cette tentation est loin d’être nouvelle ! Or, Dieu a créé le monde par amour, celui-ci est bon et même très bon (Gn 1, 31), mais si Dieu en prend grand soin, le monde n’est pas Dieu. Dieu seul est Dieu. Par ailleurs, chaque homme est une personne unique, et ce, pour l’éternité.
Plus encore, la prière est conçue comme le résultat de techniques déterminées alors qu’elle est don de Celui qui sauve. L’homme ne peut parvenir à l’harmonie et pénétrer dans le mystère de Dieu à travers l’exercice et l’effort. Certes, la position du corps peut sans aucun doute rendre plus facile le recueillement intérieur. Mais la vraie prière n’est pas une question de technique, elle est foi en Jésus Christ et don de l’Esprit Saint qui « vient en aide à notre faiblesse » et « intercède avec insistance pour nous » (Rm 8, 26). « Je suis le chemin, la vérité et la vie.
Personne ne peut aller vers le Père sinon par moi » (Jn 14, 6). « Personne ne peut dire “Jésus est Seigneur” sinon sous l’action de l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3).
La prière n’est pas une fuite égoïste du monde, elle donne toujours des fruits d’amour envers le prochain, produit le pardon et rend plus fort pour affronter le combat de la vie (cf. Benoît XVI, Spe Salvi, n° 33). Elle n’est donc pas échappatoire, mais nous immerge dans le réel, la réalité de notre vie, pour notre plus grand bien !
Les médiations et thérapies New Age promettent l’harmonie intérieure, le plaisir de la vie et le bien-être du corps. Trois aspects en effet : la liberté du stress (harmonie intérieure), la liberté de la pauvreté et du besoin (goûter la vie dans tous ses aspects) et la liberté de la maladie (refus radical de la souffrance). Où l’on retrouve également les trois souhaits de l’homme contemporain indiqués dans le sondage du journal Le Parisien (24/11/08) : de l’argent, la santé et du temps « pour soi ». Qui, de fait, ne souhaite vivre en plénitude, trouver la paix intérieure et être sain de corps et d’esprit ? Or, ce sont autant de promesses mensongères : dans ce monde, la fatigue, le besoin et la maladie seront toujours présents. Le New Age est d’autant plus fallacieux qu’il propose tout cela sans Jésus Christ. Or, Lui seul possède la clef du bonheur et de la vraie liberté. Il est le Bon Pasteur, Lui qui a ouvert une « ère nouvelle » avec son Église, Il nous révèle le Père et nous y conduit (cf. Jn 1, 18).
8/ Magie, sorcellerie, envoûtement
Magie vaudou, du Brésil, du Tibet ou d’Afrique… Elle s’exerce maintenant partout ouvertement, même à Lourdes comme l’illustre cette petite annonce découverte parmi des milliers : « Ange-Marie sciences occultes – Lieu : Lourdes, Hautes-Pyrénées, France – Publiée le 16 novembre 2008 – Ange-Marie sciences occultes professionnel déclaré à l’Urssaf peut vous aider ! Désenvoûtements de lieux et de personnes. Protection contre les maléfices, les sortilèges, les jalousies, les ennemis. Lutte puissante contre toutes sortes de magies. Premier contact par e-mail. »
Si la divination prétend prévoir l’avenir, la magie a l’ambition de changer le présent, l’avenir des personnes et même de la nature — rendre amoureuse une personne grâce à un filtre (non seulement ça existe, mais ça peut marcher !), guérir une maladie, tuer un ennemi, changer le temps —. Elle tente de manipuler la nature et les esprits, au moyen de charmes, rituels et prières.
Aux deux catégories de magies les plus connues, la blanche ou la noire qui se distinguent quant à leurs fins, il faut rajouter la magie sexuelle incluant des rituels sexuels d’adultes voire d’enfants, qui prend aujourd’hui des dimensions considérables.
- Le but de « la magie blanche » serait bienfaisant : guérir un malade, obtenir un travail, le retour d’un mari ou d’un enfant rebelle, obtenir une fiancée. Cette opération couramment appelée « faire un lien d’affection », non seulement est évaluée à environ 2000 euros sur le marché, mais surtout crée des liens profondément empoisonnés, qui tournent toujours mal et n’ont rien à voir avec l’amour, qui rend libre. On peut également invoquer la pluie, le beau temps, demander à devenir riche, etc.
- Le but de « la magie noire » serait mauvais : rendre quelqu’un malade, impuissant, lui faire perdre son travail, ou pourquoi pas le tuer… Générer un orage, un ouragan, le feu dans une maison, etc. [6].
Le Catéchisme de l’Église catholique précise qu’il est plus grave d’y avoir recours dans des buts iniques et en invoquant les démons (n° 2117). Cependant, l’Église condamne ensemble la magie blanche et noire — ou même rouge, relative à l‘amour, et or, sensée produire de l’argent —, car dans tous les cas le magicien s’adresse toujours à des forces occultes pour en obtenir quelque chose grâce à des rites particuliers.
Malgré toutes leurs affirmations de détenir leurs pouvoirs de la « nature », il ne fait aucun doute que le mage et le sorcier détiennent leurs pouvoirs des puissances du mal (cf. les pactes de sang durant lesquels certains néophytes s’engagent à servir les forces du mal pour recevoir en échange des pouvoirs sur autrui et une puissance économique, alliances auxquelles s’ajoutent très souvent des pactes sexuels).
Le fait que les relations entre la magie, le sexe et l’argent soient extrêmement étroites est loin d’être anodin. Il semblerait même que la magie sexuelle soit actuellement la plus diffuse, à notre époque qui vante une utilisation du sexe à des fins hédonistes et utilitaristes, où les sensations et la performance importent plus que tout.
Là où sévit un sorcier règnent toujours la méfiance et la peur. Chacun vit dans la terreur ou la psychose que son voisin, son proche ou son ennemi ne lui jette un sort. Au point que certaines sociétés vivent paralysées par la peur, et pas seulement en Afrique noire !
9/ Le mal absolu : « Satan existe, je l’ai rencontré [7] ! »
« Au sujet du diable et des démons, les hommes peuvent commettre deux erreurs. Elles sont diamétralement opposées, mais aussi graves l’une que l’autre. L’une consiste à nier leur existence, l’autre à y croire, mais à leur porter un intérêt excessif et malsain » (C. S. Lewis [8]).
Les sectes sataniques ont une influence de plus en plus grande et notoire, surtout auprès des jeunes. 78 % des jeunes adolescents sont entrés en contact avec du matériel satanique [9].
Il faut dire que nos enfants sont initiés précocement ! Les rayons pour enfants des bibliothèques regorgent d’anthologies parfaitement documentées sur les rituels sataniques et autres procédures d’envoûtement ou de magie noire [10]. Nous sommes très loin des maléfices subis par Blanche Neige ou la Belle au bois dormant. Peu après, les jeux de rôles les immergeront dans le monde de la magie très noire, pendant des heures et des heures : « Sous prétexte de jouer une aventure épique, les jeunes incarnent différents personnages qui, le plus souvent, n’ont pour but que d’anéantir, par tous les moyens (en particulier magiques et sataniques) l’ensemble de leurs adversaires [11]. » Si on y ajoute les bandes dessinées, qui non seulement versent de plus en plus dans la haine du christianisme (cf. par exemple la collection, à grand succès, « la Loge Noire », aux éditions Glénat, où Jésus, appelé « l’Imposteur », « sacrifie » son frère Thomas avec la complicité de l’Apôtre Jean et de Nicodème, avec, bien entendu une Église qui dissimule depuis des siècles cette version historique des faits, etc. [12]), mais aussi vulgarisent les pactes sanglants ou autre rituel de ce genre (comme l’illustre Le Maître des Ténèbres, de Comes, éd. Casterman [13]) ; la musique (Gothic ou Metal) ou les sites Internet où il est même devenu presque facile de se procurer des « vidéos extrêmes » qui contiennent des sacrifices humains, des sabbats lucifériens, etc. : tout concourt à banaliser et à faire l’apologie du monde de l’occulte et de Satan.
Le professeur en psychiatrie Tonino Cantelmi, président de l’Association italienne des psychologues et psychiatres catholiques, affirme qu’un adolescent sur dix en Italie risque de tomber dans le phénomène du satanisme et un pourcentage énorme de jeunes déclare que si Satan peut leur donner le pouvoir et la richesse, ils n’auraient aucune difficulté à s’allier avec lui [14].
Sans entrer dans le détail, car tel n’est pas l’objet de cette présentation, on sait que le satanisme est le culte rendu à Satan et dans un sens plus large « une philosophie religieuse dont Satan est le symbole de la liberté et de l’individualisme [15] ». Il en existe différentes églises. Certes, fort heureusement, la culture ambiante actuelle ne conduit pas nécessairement à entrer dans une secte satanique ou dans une de ses églises. Cependant, elle développe une « culture de mort » et de haine qui conduit souvent au suicide ou à la maladie mentale. L’augmentation actuelle de nombreuses maladies mentales (schizophrénies, etc.) s’explique en effet souvent par des expériences liées aux forces occultes et/ou à la drogue.
Aux marges des différentes églises sataniques recensées (l’église de Satan, le temple de Seth pour les plus connues), mais dont on ignore, par définition, le nombre d’adeptes, se développe donc un « satanisme d’amateurs », surtout chez les jeunes, « à partir du matériau fourni par les films d’horreur, les séries fantastiques et les romans gothiques, ou encore, à partir de textes trouvés sur Internet faisant l’apologie de telle divinité ou décrivant des cérémonies et rituels à suivre pour « être un véritable sataniste ». Ce bricolage, qui consiste, par exemple, en l’organisation de séances de spiritisme, peut conduire à « une fuite en avant dans la marginalité par la pratique de cérémonies toujours plus déviantes (sacrifices de petits animaux) et l’adhésion à des groupuscules satanistes mieux organisés, agissant dans le secret et suivant des techniques entachées de sectarisme » [16].
Il est par ailleurs avéré qu’en Italie les demandes d’aide pour affaires d’envoûtement, manipulations, violences liées au diable ont été multipliées par trois en très peu de temps. Les premières victimes sont les jeunes qui sont plus curieux, plus fragiles, en recherche de sensations fortes, ou sous l’emprise de drogues. Viennent ensuite les femmes, souvent victimes de rites abominables.
Mais les cas de possession vérifiés demeurent rares. En France chaque diocèse a son exorciste (pour qui en aurait besoin, il est recommandé d’abord de rencontrer un prêtre de confiance plutôt que de s’adresser directement à l’exorciste). Malheureusement, la plupart de ces exorcistes n’exorcisent presque jamais, souvent par principe, car ils sont trop exclusivement “formés” au “tout psychologique”. Pour certains théologiens « évolués » le démon n’est en effet qu’un leurre, une figure mythique du mal. Ce faisant, ils ôtent une dimension incontournable de l’Évangile : le combat sans relâche du Christ avec les forces du mal, depuis les Tentations au désert jusqu’au Golgotha [17].
IV – CONCLUSION : « VIVEZ EN ENFANT DE LUMIÈRE »
Malgré toute l’horreur de ce monde de l’occultisme et de l’ésotérisme sous toutes ses formes, le chrétien n’a pas à avoir peur. Par la grâce de son baptême, il est devenu enfant de Dieu et il est appelé à vivre en enfant de lumière en se laissant habiter et conduire par l’Esprit Saint. Il vivra ainsi pleinement uni au Christ et le sang du Christ le protégera de tout mal. Par la grâce de sa confirmation, il a été revêtu de la force de l’Esprit Saint pour devenir un Saint, pour trouver sa place dans le Corps du Christ, l’Église et enfin pour témoigner des merveilles de Dieu auprès de tous ses frères. Dans l’eucharistie dominicale, il se nourrira du corps du Christ et pourra dire avec saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi, ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2, 20).
Devant toutes les tentations qui peuvent survenir, il n’a pas à avoir peur, saint Paul lui présente les armes pour le combat spirituel :
« En définitive, rendez-vous puissants dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez l’armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable. Car ce n’est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. C’est pour cela qu’il vous faut endosser l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en œuvre, rester fermes. Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse, et pour chaussures le Zèle à propager l’Évangile de la paix ; ayez toujours en main le bouclier de la Foi, grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais ; enfin, recevez le casque du Salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu. Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps, dans l’Esprit ; apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints. Priez aussi pour moi, afin qu’il me soit donné d’ouvrir la bouche pour parler et d’annoncer hardiment le mystère de l’Évangile, dont je suis l’ambassadeur dans mes chaînes ; obtenez-moi la hardiesse d’en parler comme je le dois » (Ep 6, 10-20).
Il me reste à vous souhaiter à tous une bonne année. Que le Christ soit votre lumière et que l’Esprit Saint vous accompagne de sa présence divine tout au long de cette nouvelle année. Vivez unis les uns aux autres dans la charité, « soyez toujours joyeux, priez sans cesse et en toute circonstance rendez grâce à Dieu, c’est sa volonté sur vous dans le Christ, n’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5, 16-19).
Avignon, le 31 décembre 2008
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon
source :http://charismata.free.fr/?p=503