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Le génome du mammouth laineux, une espèce disparue il y a des milliers d'années, a été décodé à 50% à partir de poils de ces animaux par une équipe de scientifiques américains et russes dont les travaux sont publiés dans la revue britannique Nature à paraître jeudi.
"Nous pensons avoir 50% du génome", soit le séquençage le plus étendu jamais réalisé pour une espèce éteinte, s'est félicité dans une interview à l'AFP le responsable de l'équipe, Webb Miller, de l'Université d'Etat de Pennsylvanie.
Les scientifiques ont dû travailler sur des poils de plusieurs animaux, dont un datant d'environ 20.000 ans (à 90% mammouth) et l'autre (à 58% mammouth) de 50.000 ans. Ils ont ainsi obtenu quelque 4,17 milliards de paires de bases (ou nucléotides) non abîmées, analysables, dont 3,3 milliards appartenaient au mammouth laineux (Mammuthus primigenius).
Les auteurs de l'étude estiment que le génome de ce mammouth comprendrait au total 4,7 milliards de paires de bases, soit environ 1,5 fois la taille du génome humain.
Les 50% décodés ont révélé des gènes communs à ces animaux et aux éléphants d'Afrique actuels. Ceci permet de comparer l'évolution de ces deux types de pachydermes et de montrer qu'ils ont divergé de 0,6%, soit la moitié du taux de divergence entre le chimpanzé et l'homme, notent les auteurs de l'étude.
Le décodage du génome d'espèces éteintes pourrait montrer des différences entre espèces non détectables avec des fossiles, et même permettre de déterminer les facteurs ayant mené à leur extinction, selon les chercheurs. "Ce que je veux apprendre en faisant cela, a déclaré Webb Miller, c'est comment sauver des espèces existantes en danger", comme le diable de Tasmanie.
Cette même équipe avait déjà publié il y a un an dans la revue Science ses travaux sur le séquençage de l'ADN mitochondrial (les mitochondries sont les centrales à énergie des cellules) de mammouth à partir de ces poils.
Evoquant la possibilité de recréer un mammouth à partir de son ADN, Webb Miller a estimé que le séquençage de ce génome "est un grand pas dans la bonne direction". Mais il faudrait encore connaître les derniers 50% de ce génome, produire des chromosomes synthétiques et les transférer dans un oeuf provenant d'un éléphant.
Les génomes de 28 espèces de vertébrés ont été décodés à ce jour, dont ceux de l'Homme, du chimpanzé, de la souris, du rat ou du chien.