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Un sous-marin allemand dérivant sans but au large des côtes d’Irlande, c’était vraiment, en ce mois de juillet 1918, une cible qu’on ne pouvait manquer ! Le submersible américain qui l’avait repéré s’apprêtait donc à l’attaquer lorsqu’une violente explosion secoua le bâtiment ennemi qui coula avec tout son équipage.
L’origine de ce drame n’a jamais été connue. Mais, pour le U-65 allemand, c’était là comme un coup de grâce, qui mettait fin à une longue suite de catastrophes.
Car ce bateau portait malheur. Deux ans plus tôt, avant de le sortir des chantiers de Bruges, en Belgique, il avait déjà causé la mort d’un ouvrier, assommé par une poutrelle destinée à la coque. Puis, lors des premiers essais en mer, la salle des machines se remplit de fumée ; trois hommes furent asphyxiés.
Mais c’était la guerre et l’Amirauté du Reich fit silence sur ces accidents. D’autres essais furent effectués en compagnie de sous-marins du même type. Il n’y eut pas d’incident jusqu’au moment où le commandant donna ses ordres en vue de la première plongée du submersible. Un marin fut d’abord envoyé dans une écoutille pour y livrer une inspection de routine. La mer étant calme et le vent très faible, rien ne pouvait expliquer que le matelot fût passé par-dessus bord puis emporter dans les remous du navire.
Lorsque le commandant ordonna la fermeture des écoutilles, les membres de l’équipage se regardèrent nerveusement. Il régnait un silence de mort. L’ordre était de plonger à 9 mètres mais le submersible continua de descendre jusqu’au moment où il heurta le fond. Il allait refuser d’en bouger pendant douze heures d’horloge. L’eau avait commencé de s’infiltrer et, pour la deuxième fois, le sous-marin fut envahi de fumée. Puis, il remonta brusquement à la surface, aussi mystérieusement qu’il avait coulé.
De retour à Bruges, le sous-marin subit une révision complète. Après quoi, il fut déclaré bon pour le service. On refit le plein du navire et on l’arma de nouveau. Au cour de l’opération, le cône de choc d’une torpille explosa, ce qui porta à 11 le nombres des victimes. L’une d’elle était le lieutenant en second.
Lorsque l’U-65 fut remorqué en cale sèche, un matelot hagard jura qu’il avait vu le fantôme de cet officier se tenir debout, les bras croiser, à la proue du navire.
Enfin réparé, le sous-marin fit route vers le pas de Calais. Au cour de cette mission, on signala d’autres apparitions du lieutenant en second, ce qui n’améliora guère le moral de l’équipage
Le retour à la base fut ressenti par l’équipage comme un grand soulagement et ceci en dépit d’une attaque aérienne : le commandant fut tué par un éclat d’une bombe alors qu’il descendait l’échelle de coupée.
Enfin, ce 10 juillet 1918, un sous-marin américain du type L-2 l’avait repéré alors qu’il dérivait au large de cap Clear, au sud-ouest de l’Irlande. Observant le navire au périscope, le commandant américain fut intrigué de découvrir à l’avant, un homme seul qui se tenait debout, les bras croisés. Puis s’était produite la terrible explosion qui coupa le navire en deux.
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