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MessageSujet: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMer 8 Aoû 2007 - 0:05

Rappel du premier message :

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aarhon
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aarhon


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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyVen 17 Déc 2010 - 16:36

En quête de délivrance...

Pour les vivants, le plus difficile a été d’imaginer ce que nous sommes une fois la non mort venue. Vivre est déjà un grand problème, alors pourquoi craindre la mort ? Qu’avons-nous fait pour subir cette absence de fin ?

Nous naissons, grandissons, vieillissons, mourons de vieillesse ou d’accident, et la vraie mort ne vient pas. Aujourd’hui, tous les humains sont condamnés à sortir de la tombe pour revenir tourmenter les leurs. Chacun d’entre nous souhaite mourir « proprement » pour ne pas effrayer ses proches lors du retour. Mes parents sont morts de vieillesse, mon frère a été tué par une mine antipersonnelle oubliée. C’est un zombi unijambiste éventré et rampant que j’ai délivré de son sort. Pour rendre à Dieu ces créatures, il faut en détruire le corps de la manière absolue. Est-ce que vous pouvez imaginer ce que c’est que de porter le deuil de son frère, d’organiser ses funérailles et d’aller attendre à la sortie de son caveau, en habit de funérailles, une arme à la main et une fiole d’acide dans son sac ?

Le réveil des morts

Nos ancêtres avaient longtemps fantasmé sur ce sujet. Ils avaient imaginé des histoires de fantômes, de vampires, sans jamais en avoir croisés, ni même avoir eu la preuve de leur existence. Mon père, avant de les rejoindre, me disait souvent : « l’horreur c’est quand les morts font la guerre aux vivants ». Combien étions nous de vivants en ce temps-là ? Des millions, guère plus… Et combien de fois plus de morts, depuis le début du règne de l’espèce que l’on nomme Homme ? Heureusement, ne sont revenus à la non vie que les morts récents, victimes de ce virus ou je ne sais quoi, au fil du temps, les deux camps sont à égalité, avec cependant un net avantage pour ces derniers, qui ne peuvent plus « mourir », sauf mesure drastique de destruction physique.

Selon une rumeur, on dit que là-bas, dans la mort, ils ont rencontré tous les autres, ceux qui connaissent l’attente depuis la mort du premier homo sapiens. J’ai du mal à imaginer qu’on puisse rencontrer des rois, des chevaliers avec un simple berger. J’imagine encore moins ce qu’on peut en retirer une fois de retour parmi les vivants… La sagesse ? C’est faux, la rancune, l’amertume ? Invariablement…

Maîtres et esclaves

Tout est arrivé si vite… Dès lors on ne parla plus du royaume des morts et de celui des vivants, mais d’un monde bicéphale où la barrière a été brisée. Nous voici contraints de vivre le jour et de nous cacher la nuit ; obligés de rebâtir des villages à la campagne car ces monstres ont envahis nos villes, puisqu’ils aiment les couloirs, les cryptes, les tunnels et l’ombre des ruelles… Ils veulent hanter la nuit et se cacher le jour. Regroupés dans les cités qu’ils ont bâties et détruites autrefois, ils errent dans l’unique but de soumettre les humains à leurs volontés. Je dois l’avouer, ils nous dominent : nous vivons encore comme du bétail craintif, nous cultivons nos maigres terres, fuyons dans nos maisons quand le jour décline. Nous subissons de plein fouet une ségrégation spatiale et temporelle : à eux les ruines et la nuit, à nous les campagnes et le soleil. Au village, comme ailleurs sans doute, nous sommes revenus aux anciennes superstitions : ail, croix, pieux, miroir… en vain : les ténèbres venues, hors d’une habitation, nous sommes devenus des sursitaires.

Parfois, ils viennent frapper à nos portes la nuit, réclamer un mourant ou un malade pour peupler leurs rangs et apaiser leur soif de chair et d’âmes. Dans la foulée ils exigent que nous pavions une route, rétablissions un pont, laissions quelques vaches pour nourrir les plus dégénérés… J’ai honte d’être si lâche, si soumis lorsqu’un homme que j’ai connu vivant vient parler à ma porte la nuit, me rappeler qui il était pour moi et qui j’étais pour lui avant, puis exiger de moi un service que j’accepte de faire servilement. Oui j’ai honte du cadavre bien réel qui est là, derrière la mince couche de bois… D’avoir peur du souvenir de la personne qui me chuchote des choses abominables.

Marc et Rachel

Moi, le pauvre Marc… moi qui ne souhaite qu’une chose : quitter ce lieu de souffrance et trouver une condition plus digne, avec ma femme. Elle s’appelle Rachel, on dit que c’est une plante vénéneuse. Peut-être que sa beauté, ainsi que notre passion fait des jaloux : peut être ne seront jamais heureux ensemble. Tout m’importe du moment qu’elle soit vivante, elle. Elle déborde de joie de vivre, d’exister, si rare chez les autres humains. Je l’aime, elle est ma promise. Mais quelles conditions pouvons nous espérer dans ce monde ruiné où les humains doivent partager avec les morts ?

D’emblée, ils viendront la nuit, exiger l’un de nous deux, pour l’emmener. Ainsi ils briseront un ménage, ruineront un avenir, par pure jalousie, parce que ces êtres-là ne peuvent pas aimer. Si jamais ils acceptent notre union, c’est uniquement parce que nous serons considérés comme sains, aptes à la reproduction et à la stabilité du cheptel dont ils sont eux-mêmes issus. On gratte à mes volets la nuit, lorsque nous nous enlaçons… Il ne faut pas que nous nous plaignions. Rachel m’a raconté l’histoire d’une enfant qui vivait avec un père incestueux. A la mort de ce dernier, elle se croyait libérée, jusqu’à ce qu’il revienne, totalement putréfié, pour prolonger l’horreur. Elle se suicida, pensant trouver la délivrance. On raconte que les deux zombis se sont retrouvés dans la non mort.

Leur jalousie

Rien ne m’empêchera d’aimer Rachel, pas même ces affreuses histoires. Travaillant durement la journée, nous nous retrouvons la nuit, à nos risques et périls puisque nos maisons ne sont pas mitoyennes. Autrement, je lui écris des lettres, protégé par la lueur des bougies. Tout le monde est habitué à dormir peu et avec de la lumière, redoutant la panne d’huile ou de cierge, le courant d’air mal venu. Nous sommes barricadés, les volets sont renforcés du mieux que l’on peut, les seuils des portes sont bénis et cloués d’amulettes : on dit qu’un non mort n’entre que là où il est convié. Voici pourquoi ils aiment les villes, dont ils ont pris entièrement le contrôle et où ils peuvent aller et venir sans difficulté. Ils sont toujours là à nous épier. Ils rôdent et émettent d’affreux sons. Le jour, ils chargent les villageois de nous surveiller, moyennant quoi ils épargnent les enfants ou promettent de bien les traiter lorsque leur tour viendra.

Certains de ces êtres ont un ascendant psychologique incontestable sur nous. Ce charisme semble proportionné à la persévérance de leur âme. Une fois mort, un homme, une femme ou un enfant bon devient mauvais, profondément. Si jamais l’individu était mauvais de son vivant, il continue de plus belle sur la voie de l’ignominie. Que se passerait-il si jamais Rachel mourait, elle qui est de santé fragile ? Serions-nous des étrangers l’un pour l’autre ? Et moi, s’il m’arrivait quelque chose, la ferai-je souffrir ?

De l’autre côté

Je dois me dépêcher de ne pas rater la cérémonie. Ce n’est pas tous les jours qu’on accueille son fils dans la non mort. Celui qui naquit six mois après mon décès est mort il y a deux jours, à l’âge de vingt ans. J’ai vu son corps exposé dans la chambre de Rachel : ils ont arrangé son cadavre, démembré lors d’une terrible chute de cheval.

Une nouvelle naissance

Conformément à la loi, le corps sera déposé dans le caveau par les vivants, de nuit, en notre présence. C’est le seul moment où nos deux peuples se côtoient paisiblement. La cérémonie sera brève : à minuit Bruce se relèvera, à l’instant où le cortège des vivants devra quitter l’enceinte sacrée. Si d’aventure un humain reste à proximité pour détruire le nouveau mort, comme j’aimais le faire de mon vivant, une belle bagarre s’engagera. Je dois avouer que les Donneurs de Repos Eternel sont de plus en plus compétents : à ma mort j’ai échappé de peu à une bande d’entre eux payés par Rachel. Elle espérait m’offrir le salut, mais qui peut dire si la vraie mort est un salut ? Nul ne la connaît, nul n’en est revenu.

Tout en marchant, je n’arrête pas de penser à ce fils enfin mort et enfin mien. Tout comme mon père n’arrêtait pas de languir mon retour à ses côtés, il y a vingt ans. Condamnés pour l’éternité, il ne nous reste plus guère de plaisirs, l’attente égoïste et possessive en étant un des principaux. Nous avons instauré un nouveau règlement : pour toute naissance humaine, les esclaves doivent bâtir un caveau, portant le nom du bébé. Ce réceptacle est volontairement laissé à l’abandon jusqu’à la mort, il devient aussi le berceau de poussière où renaîtra le corps. C’est pourquoi je connais bien l’endroit où je me rends ce soir : la tombe de mon enfant est un édifice de bois vermoulu et de fer forgé, jouxtant le sépulcre prévu pour Rachel et ma propre sépulture, à jamais profanée de mes mains mortes.
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aarhon
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyVen 17 Déc 2010 - 16:36

Le défi du temps

Au fond de ma poitrine caverneuse et vide d’entrailles –je suis mort en hiver, dévoré par un loup- aucun cœur ne bat et pourtant je crois l’entendre. Un vieux réflexe inamovible, comme les démangeaisons fantômes cul-de-jatte. Une certaine angoisse me torture, c’est un plaisir divin de souffrir moralement quand aucune douleur physique ne vient briser la monotonie de l’éternité. Nous avons eu la chance, le privilège de rester sur ce monde après la fin de nos vies. L’éternité est avant tout, dans notre optique, une absence d’ultimatum temporel. Jamais je ne serai « trop vieux » ou « pas assez mûr ».

Partant de ce principe simple, tout revêt une dimension ludique, tout est prétexte à s’amuser, pour meubler cet infini. Il m’est possible de préparer des stratégies à long terme, de prévoir un scénario de destin à tout un lignage, toute une famille, qui progressivement me rejoint dans ma condition. Les protagonistes que je manipule passent de mon côté une fois morts, ce qui offre une variété de possibilités et de dénouements considérables. Vous l’aurez compris, j’aime jouer et gagner. Le tarot, les échecs et tous les jeux de pions sont autant de sciences, dans lesquelles je m’améliore tous les jours. C’est aussi ça la non mort : avoir l’éternité pour apprendre et se corriger. Je convoite maladivement tous les livres qui sont à ma portée. Avec précaution je les range dans une cave près de notre cachette, là je lis, j’archive, et je m’améliore. J’ai l’éternité pour m’accaparer le savoir de dix milles ans de civilisation. Bien sûr, j’ai un penchant pour les livres de ma vie passée, par nostalgie… J’ai remarqué que les vivants sont également des boulimiques de connaissance, dans la limite de leurs faibles possibilités. Ils essaient en vain de conserver pour eux seuls les restes de leur patrimoine. A long terme, tout sera à nous. Car tôt ou tard, tous nous auront rejoints.

Une pâle copie

J’ai quitté notre repaire vers 21 heures, j’étais le premier levé… et le premier à quitter les lieux. Mon père dormait, et mes frères de condition somnolaient plus ou moins, leurs globes oculaires retournés et les paupières ouvertes. Nous nous cachons toujours ensemble, dans des lieux aux fenêtres peintes en noir, au cœur des villes. Notre existence végétative est collective, mais nos vies nocturnes sont individualistes. Les modalités de nos regroupements obéissent aux règles de la fratrie, c'est-à-dire que notre hangar est uniquement constitué de morts-vivants originaires d’un même lieu. C’est une sorte de réunion familiale : une fois non morts, nous poursuivons nos existences près de nos parents, nos voisins, nos amis, comme au cimetière paroissial. Les ténèbres s’épaississent de plus en plus, ma démarche est plus sûre, mes yeux luisent et effraient les petits animaux des bois. Là-bas je croiserai un de mes frères, David, qui a prétendu désirer lui aussi assister à la cérémonie.

Un simple jeu

Il me faut encore traverser le village pour accéder au cimetière et accueillir mon fils. Dans ma nouvelle condition, il n’y a plus de maternité, ni de décès, juste ces arrivées/retrouvailles, gérées au mieux par notre subtile politique tantôt malthusienne, tantôt nataliste. En effet, il faut respecter une croissance raisonnable dans nos rangs. Tuer tous les êtres vivants entraînerait la fin du système et la crise de notre société. Laisser les vivants se reproduire et nous submerger entraînerait notre perte. La loi c’est « pour un mort vivant libéré de la non mort, un vivant offert à la non vie » puis « pour un vivant qui nous rejoint, une naissance parmi eux. »

C’est un moyen pour nous de réguler le cheptel humain grâce à quelques décès provoqués, tout comme certains accouplements. Dans mon cas, mon remplacement était déjà en route, mais un élément perturbateur est venu modifier ma stratégie. Rachel a porté mon deuil pendant un an. Mon fils est né sous mes yeux, dans une chambre drapée de noir à la fenêtre de laquelle j’étais accoudé. Mes griffes passaient et repassaient sur les carreaux, puisqu’on avait laissé les volets ouverts, sous mes menaces. Quelque temps plus tard j’ai découvert l’existence de Jod, son nouvel amant. Ce vivant contrariait la première esquisse de mes plans, j’ai dû m’adapter. Pendant vingt ans, j’ai joué sa vie au tarot avec Rachel, sous le regard de Jod.

Plusieurs fois, il a essayé de me détruire, par traîtrise ou appelant les villageois en renfort. J’ai toujours su les dominer, les manipuler en faisant appel à leurs pires secrets, révélé par leurs morts. J’ai toujours tourné le jeu en ma faveur et à celle de ma promise, de façon à temporiser, à n’emporter avec moi qu’un fils adulte. Malheureusement, il y a eu cet accident… Elle n’a engendré qu’une légère précipitation dans ma stratégie, puisque je comptais reprendre mon enfant le jour de ses vingt-et-un ans.

La cérémonie

Le village où j’entre désormais au petit trot m’est familier depuis longtemps. J’y viens souvent… avec mon père, mais sans ma mère, depuis qu’un Donneur de Repos Eternel l’a eue, une de ces nuits trop courtes de juin. Peut-être un jour, je la rejoindrai… D’un geste violent et impérieux, j’écarte un vivant qui courait vers sa maison, de retour du cimetière. Il tombe et trébuche, ne crie pas tant il a peur de moi. Il sait qui je suis, nous étions camarade de classe. Dans l’obscurité, il ne m’a pas vu venir, et il le regrettera dans tous ses futurs cauchemars. Je l’épargne ! J’aurais pu le tuer, dévorer ses entrailles, boire son sang, me repaître de son cerveau, mais le temps presse. Le cimetière est en vue, quelques revenants sont déjà là, ainsi que les vivants et le cercueil sans verrou. Je salue mes frères de destin et fixe Rachel. Mon œil droit est énucléé, le gauche n’est plus qu’un globe blanc. Pourtant je vois. La deuxième phase d’un plan complexe s’achève.

La mort est une farce

Je croyais retrouver dans l’Au-Delà les milliards d’êtres humains qui m’ont précédé ; je croyais rejoindre ce gâchis absolu où médiocres et génies sont condamnés au repos stérile, dans cette immense absence que sont les cieux, là où ils ne peuvent ni juger, ni parfaire leurs œuvres, juste observer la vanité ou l’inachèvement systématique de leurs misérables et mortelles existences… Je croyais les rejoindre et trouver le bonheur, auprès des miens, en attendant Rachel, je me suis trompé lourdement. Je ne suis plus rien, pas même un fantôme, pas même un esprit enfermé en enfer ou au paradis. Je suis vraiment mort et silencieusement je hurle.

Sitôt entré dans le cimetière, j’ai vu Jod se jeter sur moi, me transpercer le ventre avec un pieu, et Rachel me jeter au visage une mixture d’acide, comme elle venait de le faire avec le cadavre de mon fils. Le vent a dispersé mes restes, j’ai vu toute la scène d’en haut. J’ai détesté une dernière fois cette femme.

Une haine éternelle

Le romantisme a ses limites : vivant, je croyais que Rachel mourrait avant moi ; qu’on me verrait me glisser dans l’église, ramper vers sa tombe, encore plus d’un an après sa mort, pour murmurer sur son cercueil « épouse-moi », y déposer des roses… La vérité ne fut que putrescence, l’amour ne survit pas à la non mort car c’est une force de la vie, pas de l’éternité. C’est sans scrupule qu’elle vitriola ma face de mort-vivant, et jamais elle ne vint pleurer sur ma dépouille. Elle m’a tué par haine et dégoût… si elle avait seulement pu deviner l’ampleur de ma haine, de mon dégoût. La perversité de mon âme se fondait alors sur mes regrets et ma jalousie. Comprenez vous que mort-vivant, on reste ce que l’on est, qu’on ne varie plus ? Vous l’êtes pour (théoriquement) l’éternité. Une bagarre vous ornera de cicatrices, de mutilations, un ami vous tatouera ou vous changerez de vêtements et de coiffure, mais pour toujours vous serez le même, rigide, fixe, laid. Au contraire, la vie, la véritable existence, celle de Rachel, s’inscrit dans cette merveilleuse dimension qu’est le temps. La beauté de la vie réside dans l’évolution : ma Rachel que j’ai vu grandir, mûrir, se faner un peu. Elle a passé le cap de la trentaine, frôlé la quarantaine, son visage s’est durci, son allure est toujours différente, comme son humeur.

L’empreinte du temps

C’est là que réside l’absolue beauté de la vie, chose dont nous sommes privés. C’est essentiellement pour cette jalouse raison que je jouais avec les vivants, pour me donner l’impression de contrôler une chose que je ne contrôlais plus : le temps qui passe sur le corps et l’âme de l’humain. C’est la même raison qui pousse le vivant à chasser le revenant : dans sa laideur rigide du mort qui marche, le vivant voit un être qui le concurrence et le dépasse parce qu’il n’est plus soumis au temps. Le vivant subit le temps qui passe et refuse de côtoyer des êtres immortels. Le mort-vivant subit l’éternité et jalouse ces créatures qui jouissent du bonheur d’évoluer.

Morts-vivants on contemple la vie et le désastre final auquel elle aboutit. On temporise, on pourrait enfoncer toutes les portes, détruire l’humanité, mais on préfère attendre, voir comment on nous appréhende et envisage notre destruction. Ils veulent nous renvoyer à Dieu, nous donner ce qu’ils croient être la paix éternelle pour conserver le monde pour eux seuls, le temps de leurs misérables vies terrestres. Ils forment des commandos pour nous traquer, nous libérer par le feu ou par les armes. Hélas, comme tous les morts-vivants, je suis encore là, car il n’y a rien là-bas. Rien. La mort est bien la plus grande déception de la vie.

Sans le repos

Nul ne connaît ce qu’est la fin, personne ne peut dire s’il y en a une. Lorsque le feu et l’acide m’ont détruit, j’ai crû enfin voir l’aboutissement de ce long périple, connaître le repos. Mais je suis encore là, pur esprit, conscient et présent. Vous ne pouvez me voir ni m’entendre, je ne vous effraie pas, comme le ferait un fantôme… Je ne suis plus rien, sinon un reliquat de pensée, une conscience éternelle. Je suis partout, là et ici, je perçois tout mais ne peux plus rien faire. Je suis le témoin de ce qui se passe dans l’univers tout entier, mais je n’ai plus le moindre moyen d’exister. Aucun corps ne m’accueille, je ne suis plus rien, mais je suis encore là. La vraie mort n’est qu’un commencement, alors que ces fous croyaient me donner le repos pour toujours, le dénouement du roman de ma vie, l’épilogue de ma réalité… Toutes les religions du monde ont des synonymes pour cet état de délivrance, mais les cultes et les légendes sont le fait des vivants. Je n’ai rien eu de la mort, sinon cette nouvelle condamnation à l’existence.

Quand Rachel s’est donné la mort, je l’ai vue revenir. Tout le temps elle hante les rues du village, effraie les survivants en souhaitant secrètement, comme nous tous avant, être un jour libéré par un Donneur de Repos Eternel. Dérisoire espérance, elle ne trouvera aucune paix, elle ne rejoindra ni son fils, ni son premier amant. Elle sera comme moi, comme vous, comme les milliards d’autres : condamnés à l’éternelle conscience. Jusqu’au crépuscule du monde elle sera le témoin de ses erreurs et de leurs conséquences. Dans mille ans, elle, moi, eux, vous, nous regarderons encore le monde et les résultats de nos vies, comme autant de battements d’ailes de papillon ayant entraîné autant d’ouragans.

La malédiction des dieux

Nous détruisons ce monde, nous, les humains..... Nous, les humains. Nous avons guerroyé et usé de cruauté en croyant en un Au-Delà meilleur. Or il n’y a rien. Témoin de tout, conscient éternellement et incapable de toute ingérence dans la réalité… C’est ce que je croyais être la condition des dieux.

Je suis un Dieu qui souffre.
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lalasky
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 20:03

Entre dans la danse,la danse de la mort
entre dans la danse...fait un effort
ne tourne pas dans tous les sens,je guiderai chacun de tes pas
il faut que tout change,laisse-moi ton corps
je t`aiderai ,glisse sur moi,donne -moi ton accord

Il y a de ces nuits où l`absence est cruelle
entre dans ma danse et je me ferai belle
je tuerai de ma rage et ce sans pitié
d`un seul regard je la torturerai
et dans un dernier souffle elle disparaîtra
cette solitude qui ne t`appartient pas.

Entre dans ma danse et plus jamais tu ne me manqueras.



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lalasky
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 20:24

Wow il y a du talent ici,certains me rejoignent dans leurs textes d`autres moins...mais c cela la magie de l`écriture...chacun à sa couleur
...à tous un sincère Bravo.
Lalasky
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aarhon
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 20:43

merci Wink attend, j'en met une autre ce soir ^^
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:02

sympa ton petit poème Lalasky ^^
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aarhon
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:03

Tissez donc une toile mon ami...

Bonne soirée à vous, chers lecteurs. Ce que j'ignore c’est comment vous avez fait pour obtenir ce journal car il était bien en sécurité. Ce qu'il contient, pour certains, est trop abominable, trop dangereux pour celui qui portera ses yeux sur ce qui est écrit. Ce qui suit n'est pas une œuvre fantastique ni une nouvelle de Science-fiction. C'est la pure vérité, telle que j'en ai été témoin. Vous allez sûrement être réprimé par ma conduite et mon silence mais je m'en moque car si vous lisez ceci, c'est que je suis mort et les morts n'ont pas de comptes à rendre aux vivants...

Ceci est mon journal que j'ai tenu durant ma jeunesse. Jeunesse que j'ai accomplie à Londres, celle-là même qui m'a vu naître, grandir et probablement mourir, quand mon heure viendra. J'ai déchiré les précédentes pages car elles sont sans intérêt pour moi comme pour vous. Après avoir lu ce qui suit, je vous saurais gré de brûler ce journal, il appartient au passé. Car pour tout ce qu'il contient, il n'y a eu que ce qu'il mérite, mon cher patron, Mr Hellston...

21 février 1864

Mon nom et de Jonathan Mac Kerdin, je sais bien que vous pouvez le lire sur l'enquête du journal mais le temps l'aura certainement effacé. Je suis né à Dumfries en Écosse, il y a bientôt 22 ans. Je travaille actuellement à Londres, dans le bureau de M.Hellston. Ce cher homme, c'est de lui dont il est question. C'était le patron et l'être humain le plus abject et immoral que la création ait pu engendrer. Bien que ce soit le goût du hasard qui m'a permis de me trouver ici, je n'ai jamais aimé cet homme. Dès que je l'ai aperçu pour la première fois, j'ai su tout de suite quel genre de gentleman c’était. Un homme qui peut paraître courtois, polis au premier abord mais qui se révèle dangereux et sournois une fois qu’il nous possède.

M. Hellston était un homme d'affaires comme il y en a tant, en Angleterre. Ses principaux revenus venaient de ses navires qui conditionnent le monde, il était armateur. Son entreprise importe toutes sortes de marchandises principalement avec les Amériques et les comptes en Afrique. Comme je le disais, cet homme était des plus détestables car il n'avait aucune considération autant pour ses proches que pour ses employés. Si j'ai su garder ma place, c'est grâce à mon silence, ma patience et ma perspicacité. De nombreuses fois, il a essayé de se débarrasser de moi mais j'ai toujours su « retomber sur mes pattes ». Bien sûr, il aurait pu me licencier sur-le-champ les mains réparties et mon astuce naturelle a dû impressionner plus d'une fois.

22 février 1864

Ce qui suit est le début de cette histoire, il faut quand même que vous sachiez que j'ai rédigé ce journal avec un certain temps de retard. Il m'a fallu un certain temps pour avaler ce qui suit. Je me demande encore comment j'ai fait pour garder la raison... Quand je me trouvais dans la maison de M. Hellston, mon travail consistait à être son esclave. J'étais chargé principalement de tenir à jour ses livres de comptes et d'arranger ses journées entre ses clients et ses loisirs. Si vous saviez ce qui peut l'amuser... La plupart du temps, je me devais être à son entière service. Ce jour-là, il avait rendez-vous avec le vieux Perry, le capitaine d'un de ses navires. Je me trouvais devant la porte avec un plateau garni de gâteaux et d'une bouteille de scotch, M.Hellston me l'avez commandée. Bien que la porte fût épaisse j’avais clairement entendu la voix du vieux Perry.

-NON, C’EST HORS DE QUESTION !
-Asseyez-vous, vieux bouc ! Vous n'avez rien à dire.

J'avais bien entendu frappé à la porte avant d'entrer. Le vieux Perry se tenait debout, le visage écarlate de colère. M. Hellston, lui, se tenait confortablement dans son fauteuil en cuir, le regard toujours aussi serein. J'ai stoppé net quand j'ai vu le vieux Perry se mordre ses lèvres, j'ai bien que le qu'il allait écraser la gorge de mon patron. Le geste de la main de M. Hellston à mon intention pour apporter la bouteille me fit reprendre les esprits.

-Asseyez-vous vieil homme. Ce que je vous demande n'est pas compliqué, alors cessez de faire le fier. De plus vous ne m'avez pas laissé finir.
-Pourquoi je le ferai, vous n'êtes qu'un monstre. Jamais je ne coulerai mon navire
Cette conversation ne me surprenait guère. M. Hellston avait le mérite d’être un escroc remarquable, surtout avec les assurances...
-Ce que je vous demande, même un enfant pourrait le faire, alors asseyez-vous et buvez ce scotch, vous m'en direz des nouvelles.
-Vous ne pouvez pas me demander ça, dit-il tout en s'asseyant péniblement. Pourquoi voulez vous que je le coule ?
-Mais pour l'argent, pardi ! L’assurance couvrira tout et je vous en paierai un tout neuf, le Clémence n'est plus qu'un rafiot bouffé par la rouille et il n'est plus assez grand.
-Non, je ne le coulerai pas, c'est hors de question.
-M. Perry, dois-je vous rappeler que c'est moi le patron. Vous ferez ce que je vous dis de faire. Si vous voulez repartir en mer, je vous conseille de mettre votre fierté dans votre poche. Vous savez que j'en ai le pouvoir est rappelez-vous de ce qui est arrivé à M. Brenton...

Son regard fut le miroir de l’effroi… Bien que le résultat de l’enquête fût un accident, nous savions tous que Brenton fut assassiné par M. Hellston. Selon les bruits de couloir de la société, le même service fut demandé à cet homme et il a refusé. M. Hellston proféra des menaces de mort. Son regard quant à lui, fut le triomphe absolu, comme d’habitude. Bien que j’avais posé le plateau sur la table depuis un bon moment, je suis resté sur place. Curiosité ou peur, je l’ignore, mais je suis resté là à écouter la conversation. Je traversai la pièce d’un pas lent, à la limite du négligé et je risquais un dernier regard envers le vieux Perry. Son visage n’était qu’amertume. L’emprisonner à terre était pour lui un véritable supplice car depuis plus de trente ans il naviguait. Qu’il vente ou qu’il pleuve, jamais il ne laissa le Clémence à quai plus d’une journée. Il n’hésitait pas à payer de sa poche le fuel pour partir sans que M. Hellston ne le licencie à cause des factures qu’il avait pu engendrer pour s’offrir une petite virée. J’ai attendu cinq bonnes minutes avant de le voir sortir du salon, le regard perdu, M. Hellston a certainement été plus que convaincant…

26 Février 1864

J’ai assisté au départ du Clémence, cet après-midi. Jamais je n’ai vu le vieux Perry dans cet état. C’était bizarre, mais j’ai eu l’impression que c’était la dernière fois que je le voyais. Je sais bien qu’ils avaient pris leurs dispositions pour survivre dans le cas d’un naufrage mais en voyant ces hommes si joyeux, j’ai su tout de suite que eux n’étaient pas au courant du sabotage. Cela m’intriguait, pourquoi n’avait il pas prévenu ses hommes… J’étais trop perdu dans mes pensées pour m’apercevoir que le navire quittait la baie avant que je ne monte à l’intérieur pour poser la question au vieux Perry.

1 Mars 1864

J’ai eu encore la démonstration de la parfaite ignominie de M. Hellston ce matin. Nous étions partis faire une tournée dans les docks afin de vérifier des quantités douteuses de marchandises dans les stocks. Il ne fallut pas beaucoup de temps à mon cher patron pour découvrir la vérité. Après quelques menaces bien senties au contremaitre, il nous fut révélé que des employés se servaient discrètement dans les stocks de nourriture car ils avaient faim. A peine payés quelques pennies par heures, j’aurais très bien compris et j’aurais passé l’éponge mais pas lui…

Jamais je ne l’ai vu dans une telle rage. Pour quelques malheureuses patates et légumes divers, je l’ai vu rosser le contremaitre avec sa canne. C’est à peine s’il l’avait laissé pour mort. Je dois bien avouer qu’il m’a fait peur quand il a levé les yeux sur moi, jamais je n’avais vu une telle fureur dans ses yeux. A peine rentré, il me fit remplir une centaine d’actes de licenciement. Les noms étaient de ceux qui travaillaient aux docks, celui d’où nous venions. Décidément, cet homme n’avait aucune pitié…

4 Mars 1864

Nous avons reçu le journal comme d’habitude, mais avec une bien mauvaise nouvelle aujourd’hui. Il y figurait dans un article le récit du naufrage du Clémence. D’habitude, je porte le journal sans tarder à M. Hellston mais là je l’ai gardé un petit moment pour lire l’article. Comme je m’y attendais, le naufrage avait bien eu lieu, dans le détroit de Gibraltar plus exactement, mais il n’y eu aucun survivant. J’ai du en aller chercher un autre car je l’avais déchiré de rage.

5 Mars 1864

J’ai été véritablement outré de l’attitude de mon patron, aujourd’hui. L’agent d’assurance était passé pour régler les affaires administratives dû au naufrage du Clémence. J’arrivai à peine à croire qu’il eu pleuré de rage sur ce qu’il lui arrivait et la comédie a bien pris. L’agent d’assurance à peine parti, M. Hellston affichait un sourire radieux car il allait toucher plus de cent milles Livres Sterling d’assurance. Il passa tout le restant de la journée à un club de gentlemen dans le centre ville de Londres, à parler affaire…

8 Mars 1864

C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’en est trop. Je ne peux plus travailler avec un monstre pareil. Le syndicat des marins est venu hier pour parler de la rente des veuves des marins du Clémence, il n’a pas fait exception à sa réputation. Jamais je n’ai vu un être aussi immoral et cupide que cet homme. Le syndicat ne voulait pas lâcher l’affaire et ils obligèrent M. Hellston à verser quelques centaines de Livres Sterling pour l’ensemble des familles et une formule de regret qu’il ne pensait pas moins. Les représentants étaient outrés par son attitude aussi désinvolte.

9 Mars 1864

Pour éviter une désertion générale de ses docks, il a du réviser sa proposition au syndicat des dockers et marins. Il a dû déverser une petite fortune pour ne pas perdre la face… Là, je dois dire que j’ai été heureux de voir pour une fois la colère déformer son visage.
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:03

12 Mars 1864

Le travail était toujours aussi pénible. M. Hellston est toujours le même : inhumain, froid et colérique. Depuis l’affaire du syndicat, une aura de terreur plane dans les bureaux, tout le monde craint sa présence et il ne pardonne plus l’échec. De nombreuses fois j’ai failli perdre ma place et d’autres employés aussi. Depuis deux jours, j’erre dans les rues du district de whitechapel, un quartier miteux dans le sud de Londres. Le rendez-vous des contrebandiers, catins et autres fripouilles. Si on sait se faire petit, on peut rester tranquille. D’ailleurs, il sera en 1888, tenez vous bien, le terrain de chasse de Jack l’éventreur…

13 Mars 1864

Cela va faire trois jours que je n’avais pas remis les pieds chez M. Hellston, si je l’avais en face de moi, je l’aurais étranglé de mes propres mains. Pourtant, j’y retourne demain, porter le colis… Quel colis ? Celui que la femme en noir m’a donné hier soir. J’étais dans un pub, à boire bière sur bière pour noyer ma colère. Et cette femme est venue vers moi, sans aucun arrière pensé visible, sans gène ni peur. Dans le district de Whitechapel, tout le monde se méfie de tout le monde car on peut se faire égorger pour quelques pennies. Alors quand quelqu’un s’approche de vous comme elle l’a fait, notre méfiance est au maximum. Ce qui m’a d’abord interloqué, c’était sa voix, elle ne possédait aucun accent, une voix monocorde et passive mais qui possédait une force que je ne saurais définir. Elle m’a parlé longuement de M. Hellston : son passé, ses ambitions et les horreurs qu’il a pu commettre… Quand elle eut fini, j’étais terrifié d’horreur. Comment un tel monstre a t-il pu voir le jour… Elle me montra une petite bourse, de couleur pourpre. Elle me confia qu’elle aussi voulait que M. Hellston soit puni pour ce qu’il avait fait. Quand j’ai voulu lui demander ce qu’elle comptait faire, elle m’imposa le silence par un geste de sa main. Son charisme était tel que je ne pouvais que lui obéir.

-Tu mettras la bourse dans sa chambre, surtout ne l’ouvre pas maintenant ou c’est toi qui seras condamné.
-Quoi ?
-Tu as très bien entendu, une fois dans sa chambre, tu ouvriras délicatement la bourse et tu quitteras la pièce sans tarder.
-Qu’est ce qu’il y a à l’intérieur ? Lui demandais-je.
-Tu n’as pas besoin de le savoir pour le moment, fais ce que je te dis, c’est tout.

Avec un certain recul, j’ai soupesé la bourse, elle était légère. Je l’ai prise par la cordelette et en l’approchant de mon visage, j’ai cru la voir bouger, comme si il y avait quelque chose de vivant à l’intérieur.

-Ne l’ouvre surtout pas. Une fois ceci fait, il te faudra patienter avant de contempler ce qu’il lui arrivera. Tu devras cependant me faire une promesse.
-Laquelle ?
-Ne le tue pas, garde le en vie.

Je mis précieusement la bourse dans ma poche.

-Je compte sur toi, ne me déçois pas.
-J’aimerais bien mais je ne l’ai pas revu depuis trois jours, je dois être licencié à présent.
-Ne t’inquiète pas, j’ai arrangé la chose, tu peux t’y rendre demain comme si de rien n’était.

Elle se leva doucement, tout en soutenant mon regard. J’avais à peine détourné mon regard sur ma bière qu’elle avait déjà disparue. Pourtant, il y a un véritable parcours du combattant jusqu'à la sortie du pub. Si elle avait tracé jusque là, je l’aurais vu jouer des coudes pour se frayer un chemin mais elle s’était volatilisée. Machinalement, j’ai porté la main à ma poche pour voir si la bourse était là, sa présence me confirma que je n’avais pas rêvé. J’ai longtemps cherché à savoir qui pouvait être cette femme, était-ce un démon, le diable en personne ou je ne sais quoi ? Je l’ignore.

14 Mars 1864

C’est avec une certaine hésitation que je me suis rendu à la résidence de M. Hellston, bien que cette femme m’ait assuré que je pouvait revenir sans peur, je savais de quoi cet homme était capable et j’ai bien hésité durant une bonne heure avant de sonner à sa porte. Finalement, j’ai rassemblé mon courage pour tirer la clochette qui signalait ma présence à la porte. Comme d’habitude, c’est un des domestiques qui m’ouvrit la porte. Déposant mon manteau à l’entrée, j’ai tout de suite entendu la voix de M. Hellston, sur l’instant, j’ai eu un frisson sans pareil me traverser le corps.

-Ha, vous voilà enfin ! Comment va votre mère ?

A la fois paralysé par la peur et la surprise, je suis resté là bouche bée, tout en voyant monsieur se rapprocher de moi. Il avait toujours le regard aussi alerte, la paume de sa canne presque écrasée par sa main tant redoutée… il était toujours aussi dangereux, il suffisait de jeter nos yeux dans les siens pour s’en rendre compte. Sur le moment, je n'ai rien dit car sa question me laissa pantois. M. Hellston savait pertinemment que je suis orphelin de naissance. Mon père est mort bien avant ma naissance et ma mère l'avait suivi suite à la mienne. Je suis resté là, sans voix avant que la sienne ne me tire de ma paralysie.

- Alors, vous avez perdu votre langue ?

J'ai bien vu à son regard qu'il attendait ma réponse avec une certaine impatience, ce n'était pas un regard de sympathie c'est alors que la parole de la femme du pub me revint à l'esprit : « ne t'inquiète pas, j'ai arrangé la chose, tu peux t'y rendre demain comme si de rien n'était. »

-Ho, elle se porte bien, merci de vous inquiéter.
-Tant mieux, son décès me priverait de vos services pendant un certain temps, et le temps pour moi est précieux ! Dit-il d'un ton cassant.

J'ai usé de toute ma volonté pour ne pas lui tordre le cou. Toujours aussi sociable...

-Venez, j'ai du travail pour vous.

Comme d'habitude, j'ai eu ma journée d'esclavage. Trier les papiers, faire du courrier et d’autre corvées, tout en étant au service total de M. Hellston. Dans l'après-midi, je suis passé devant sa chambre, la porte était ouverte et je pouvais voir une domestique en train de nettoyer une fenêtre. Je me suis arrêté pour admirer la pièce. Je devais avouer que la chambre de M. Hellston était sans conteste la plus belle pièce de la résidence après son propre bureau. L'ensemble de la pièce était de style victorien, seul le lit en baldaquin était de manufacture européenne. À ce moment-là, j'étais tiré de la contemplation par la bourse que j'avais dans la poche, celle que la femme m'avait donnée. Alors que je tenais des lettres entre les mains, j'ai soudainement senti que quelque chose bougeait dans cette poche ici. La surprise que j'ai ressentie à ce moment me fit sursauter au point de lâcher les lettres qui se répandirent dans l'entrée de la chambre. Surprise dans mon cri d'effroi, la femme faillit tomber de son tabouret et me regarda avec une surprise une inquiétude non dissimulée.

Je me suis penché pour amasser les lettres tout en présentant mes excuses à la domestique. La bourse bougea de nouveau. Profitant d'un moment d'inattention de cette jeune femme, j'ai retiré la bourse de ma poche, quelque chose de vivant était bel et bien à l'intérieur et cherchait à en sortir. Avec une furtivité qui m'impressionna moi-même, j'ai rampé jusqu'au lit, et avec une infinie précaution, j'ai retiré cette chose de ma poche. Bien que l'aspect de la bourse n'avait point changé, une odeur nauséabonde agressa mon nez. C'était comme l'honneur d'un corps décomposé depuis plus d'un mois. Avec une certaine horreur, je percevais aisément les mouvements de la chose qui était dans cette bourse et qui cherchait en sortir. Retenant la respiration du mieux que j'ai pu, je déposa la bourse sous le lit, l'ouvrit, et je me relevai le plus naturellement possible.

Nuit du 14 mars 1864

Comme je devais m'y attendre, les cris de M. Hellston raisonnèrent dans toute la maison. J'étais resté tard pour terminer de remplir le livre de comptabilité et il était bien plus de minuit. Comme je devais m'y attendre, M. Hellston était parti se coucher et la chose avait quitté la bourse pour l'attaquer. Normalement, je n'aurais pas bougé d'un pouce pour sauver sa personne mais son cri dépassait tout ce que j'imaginais. On aurait dit qu'on lui vidait son âme ou toute autre torture qu'on aurait qualifiée d'inhumaine. Ce cri avait glacé le sang et de tout mon être, je fus forcé de me lever lorsqu'il m’appela de toute sa voix qui pouvait lui rester.

Arrivé devant sa chambre, je l'entendis comme réciter des prières. Sa voix était presque méconnaissable et tremblait avec frénésie. Avec une certaine appréhension, j'entrepris d'ouvrir la porte. Mais M. Hellston se tenait debout dans un coin de la pièce, il avait l'air blafard, le visage transformé ou déformé par la peur. La commode sur sa gauche gisait par terre et il l'utilisait comme piédestal.

-Là,…, sous le lit, tu… tu… tuez la.

D'un air inquiet je regardais en direction du lit, m'attendant à je ne sais quoi d'horrible pour effrayer à ce point M. Hellston mais je ne vis rien.

-Mais il n'y a rien, monsieur, de quoi avez-vous peur ?
-LA, SOUS LE LIT, cria t-il.

Avec beaucoup de précautions, je pris une chaise et je me baissais pour voir ce qu'il pouvait y avoir sur le lit. Je pris un chandelier pour pouvoir éclairer la pièce suffisamment fort pour voir cette chose. Lentement, j'observai le sol car je savais incidemment que la chose n’était pas grande et que la semi obscurité n'arrangeait pas les choses. Alors que j'essayais de voir quelque chose en faisant attention de ne pas mettre le feu aux draps, j'ai rapidement vu une petite chose me passer entre les jambes. Faisant volte-face, j'ai vu M. Hellston plus blanc que jamais.

-LA DEVANT VOUS !

C'est alors que je remarquai cette petite araignée qui se dirigeait très rapidement vers lui. Bien que de bonne taille, elle n'était pas dangereuse comme les mygales ou les tarentules que l'on peut observer dans les pays exotiques. A une vitesse plutôt impressionnante, elle grimpa sur le tabouret improvisé de Hellston pour grimper sur son pied. Comme on devait s’y attendre, M. Hellston se débattit comme un diable pour chasser cette bestiole. J’accouru pour la chasser quand un cri effroyable sortit de la bouche de mon patron tout en se tenant le pied. L’araignée se trouva à terre, certainement morte. Je veux dire, elle n’était pas écrasée car son corps était relativement intact mais elle se trouvait sur le dos, les pattes recroquevillée sur elle. M. Hellston criait de tous les diables.

-Elle m’a mordu, cette saloperie m’a mordu !
-Ce n’est rien monsieur, elle n’est pas dangereuse et de plus, elle est morte.
-Fermez là, je n’ai pas demandé votre avis. Débarrassez moi de cette chose ou je vous vire sur le champs. CE MONSTRE M’A MORDU !
-Ce n’est rien, je vais nettoyer la plaie, suivez moi.
-Je veux que cette saloperie disparaisse d’abord, jetez la dans le feu !

D’un geste tout de même prudent, j’ai ramassé le cadavre de l’araignée par une de ses pattes et je l’ai jetée dans le feu de cheminée. Ce qui m’inquiéta tout de même c’est pourquoi une araignée… Que faisait-elle dans la bourse et pourquoi cette femme voulait que je la glisse dans sa chambre… Alors que je nettoyais la morsure qui à mes yeux n’avait rien de grave, une phrase de la femme me revint à l’esprit ; « Ne le tue pas, garde le en vie », qu’est-ce que cela pouvait bien dire. Est-ce que la morsure de l’araignée était le prélude de sa punition ou bien… Plus intrigué par les évènements à suivre que de la santé de mon cher patron, j’ai décidé de ne rien faire pour le moment et d’attendre les évènements futurs et d‘agir en conséquence.
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:04

17 Mars 1864

Cela fait deux jours que M. Hellston s’est fait mordre par cette araignée. Bien qu’il ne s’est rien passé de notable le lendemain, hier c’était autre chose. Pour la première fois, j’ai vu monsieur boiter de sa jambe « blessée » et cela de façon très caractéristique. Quand je lui ai proposé de faire venir un médecin, il est devenu rouge de colère. « Une dépense inutile pour une simple allergie, retournez au travail ! » M’a t il dit. Je comprends maintenant pourquoi il en avait aussi peur l’autre nuit.

22 Mars 1864

Je me préparais à rentrer chez moi quand je vis un bien étrange comportement de mon patron tout à l’heure. Comme d’habitude, il était bien tard et monsieur était dans le salon à boire un thé tout en lisant mes rapports de comptabilité. C’était un de ses moments préférés ; voir son argent fructifier grâce à la sueur du front de ses employés qu’il payait misérablement. Il y avait aussi les nombreuses arnaques qu’il commettait des fois. Pas plus tard qu’hier, il avait fait une nouvelle affaire en mettant le feu à un de ses entrepôts par l’intermédiaire d’une crapule de la ville. Peu lui importait les autres tant que ses chers Livres Sterling faisaient des petits… Je disais donc, alors que je m’apprêtais à partir que j’ai entendu un bruit sourd venant de cette pièce. En toute discrétion, j’ai jeté un œil à travers le trou de serrure de la pièce pour voir une bien étrange scène…

M. Hellston se trouvait toujours dans son fauteuil et le bruit sourd était le livre de comptabilité qu’il avait laissé tomber. Monsieur n’a jamais été maladroit et ce n’était que purement involontaire (selon mon premier avais) que de l’avoir délaissé ainsi. Il n’était point endormi mais semblait captivé par quelque chose au plafond. Sa captivité était telle qu’il ne s’intéressait nullement au livre qui gisait à terre. Puis, lentement, il semblait suivre quelque chose des yeux, parfaitement immobile du corps mais au regard sérieux et captivé. C’était bien la première fois que je voyais monsieur se comporter ainsi… Après un court instant, il se leva et disparut de mon champ de vision.

Je l’entendis alors comme sauter ou grimper sur les meubles pour faire je ne sais quoi. « Je t’ai eu ma petite, vient par là » c’est tout ce que j’ai entendu avant de le voir revenir à son fauteuil. Ce que je vis alors me paralysa de peur ou de stupéfaction je ne saurais le dire. Quand il ramassa son livre, je le vis se lécher les doigts d’un air repu et satisfait, comme si il avait mangé une bien belle friandise… Je ne sait combien de temps je suis resté là à réfléchir sur ce qui venait de se passer. Qu’est-ce qui avait bien pu déclencher une telle réaction chez lui, qu’avait-il chassé et mangé… J’ai dû quitter le couloir plus vite que prévu car j’ai vite remarqué qu’il regardait la porte, comme s’il savait qu’on l’observait. Je ne tenait pas à me faire épingler alors avec une prudence un peu hâtive, j’ai pris mon manteau, sortis aussi discrètement de la maison que possible et j’ai couru jusqu'à chez moi.

2 Avril 1864

J’ai remarqué plusieurs fois le comportement étrange de Monsieur ces temps ci, plusieurs fois, je l’ai surpris à épier une mouche qui virevoltait dans la pièce, comme un prédateur qui surveillait sa proie. Quand nos regards se croisaient il reprenait un air sérieux et indifférent. Je dois dire que j’ai pris un malin plaisir à le surveiller car à chaque fois que cela se produisait, il luttait de toute ses forces pour ignorer la mouche qui l’intéressait tant. Quand la mouche fut partie, j’avais droit au plus hostile des regards q’il pouvait faire mais je m’en moquais.

7 Avril 1864

Ce matin, M. Hellston m’a appelé dans sa chambre.

-Ha, vous voilà, vous allez faire une course pour moi.
-Vous n’allez pas bien, monsieur ?
-Ho, juste un peu mal à la mâchoire mais ce n’est rien. Tenez voilà cinq Livres.
-Dois-je aller à la pharmacie ?
-Non, vous allez m’acheter des rats.

J’étais abasourdi par sa réponse. Lui acheter des rats ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien en faire… ?

-Je vous paye pour rester la bouche ouverte ?
-Non… non, monsieur.
-Prenez moi des rats, avec une cage bien grande. De quoi les nourrir et prévoyez deux petites maisonnées. Une chose aussi, je veux un mâle et une femelle.

Je gardais un air pantois tandis que j’enregistrais ses ordres. Voulait-il faire un élevage de rats ? Je ne le saurais que plus tard mais cela m’intriguait quand même. Prenant négligemment le billet, je lui demandai pourquoi il voulait des rats. Sa réaction fut en toute logique violente.

-Est-ce que je vous permets de me poser des questions ? Faites ce que je vous dis et n’oubliez pas la facture.

C’est ainsi que je suis allé chercher des rats à un ratier du coin. A titre de cage, j’ai dû prendre une grande cage à oiseau car les rats n’avaient pas la côte en tant qu’animal de compagnie. Cela convainquit quand même monsieur qui adopta le même regard de prédateur à l’égard des rats. Je le surpris même à se lécher les lèvres d’impatience.

-Monsieur ?
-Quoi ! répondit-il tout en ne lâchant pas du regard le couple de rats.
-Qu’allez vous faire de ces rats ?
-En quoi cela vous regarde !
-Je veux dire, ce n’est pas très propre d’avoir cette vermine chez soi.

Subitement, il déplaça son regard les rats pour le poser sur moi. Il avait un regard noir, effrayant, celui d’un véritable sadique prêt à vous couper en morceaux. J’ai vite compris que je devais laisser là la conversation. Son regard me fit comprendre que je ferais mieux de quitter la pièce au plus vite si je voulais rester en vie. Cet évènement me tracassa toute la journée et j’ai alors pensé aux mouches. Qu’est-ce qui ce passe nom de dieu… ?

8 Avril 1864

J’ai appris une chose étrange aujourd’hui. Charles, le cocher de monsieur m’a confié qu’en pleine journée, M. Hellston a voulu aller à la faculté de biologie de Londres. Sa visite n’a pas duré bien longtemps mais selon ce qu’il m’a dit, monsieur aurait discuté avec un biologiste sur la reproduction des rats.

10 Avril 1864

M. Hellston semblait enrhumé ce matin, il avait un énorme foulard autour du cou et sur la partie inférieure du visage. Il l’a gardé toute la journée…

12 Avril 1864

M. Hellston semblait ravi de ses rats. Il ne quittait que rarement sa chambre comme si il ne voulait pas quitter ces saloperies… Je devais à présent, chaque jour lui énoncer les transactions de son entreprise pendant qu’il nourrissait les rats. Tout à l’heure, je l’ai vu tenter d’en caresser un et le rat s’est débattu comme un diable avant de tenter de le mordre, il semblait pris d’une terreur folle face à monsieur… C’est bien la première fois que j’ai vu monsieur prendre soin de quelque chose ou de quelqu’un d’aussi insignifiant que des rats et ils ne semblaient pas le remercier.

17 Avril 1864

M. Hellston n’a toujours pas enlevé son écharpe. Quand je lui ai demandé s’il voulait des médicaments, comme à son habitude, il m’a foudroyé du regard. De ce jour, je n’ai plus jamais entendu sa voix. Il me donnait ses ordres par écrit, décidément, son cas m’inquiète plus qu’il ne m’intrigue…

21 Avril 1864

Ce midi, j’ai cru que M. Hellston allait me tuer. Tout a commencé ce matin lorsqu'une domestique voulait changer les draps du lit de monsieur. J'étais dans la chambre pour lui présenter le bonjour quand cela est arrivé. Monsieur était assis dans son fauteuil mais avec un nouveau foulard autour de la mâchoire, sauf qu'il semblait plus large. La domestique était en train de changer ses draps quand je vis une expression de surprise sur son visage. Sur le lit, une drôle de tache blanche maculait sa surface totale. On aurait dit un duvet de soie. Alors que je m'approchais pour examiner cette curiosité, j'ai vite remarqué son ancien foulard qui gisait au pied du lit, roulé en boule. En le ramassant, j'ai remarqué qu'il y avait du sang encore frais dessus. Je ne sais comment cela est arrivé mais M. Hellston s'est approché de moi sans que j'ai pu le remarquer pour m'arracher le foulard de mes mains.

Toujours sans un mot, il prit le drap sans hésiter et jeta le tout dans la cheminée avec une vivacité que je n'avais jamais vue... Nous avons vite compris à son regard qu’il valait mieux ne rien dire. Cette fois-ci il m'a vraiment fait peur. En quittant la pièce, j'ai dit (sans m'en rendre compte) que j'allais chercher un médecin. Je dois signaler à ce passage que cette idée m'avait traversé l'esprit et que j'ai dit à haute voix, et j'avais cru voir ma dernière heure arriver. Toujours avec cette rapidité si soudaine, il m'a attrapé par le col pour me faire voler à travers la pièce. Sans faire attention aux cris de la femme de chambre, il me plaqua contre le mur et me toisa du regard.

Il avait le regard d’un dément, celui qu’on peut imaginer comme le miroir de la mort elle-même. -Monsieur, il faut vous soigner, vous êtes malade- J’eus pour seule réponse le bruit le plus étrange que j’aie jamais entendu. J’aurais juré avoir entendu sortir au niveau de son foulard une série de claquements secs et rapides surgir de ce qui devait être sa bouche. Son regard n’avait pas changé d’un poil… Bien qu’il m’ait soulevé d’un bon vingt centimètres du sol, sans me lâcher de sa main droite, il me désigna la porte de son autre bras valide. Je fais près de quatre-vingt kilos et il a su me soulever et me maintenir d’une seule avec une facilité déconcertante. Où avait-il pu trouver une telle force ?

22 Avril 1864

Ce matin dans le journal, j’ai lu un article plutôt embarrassant. Il disait qu’un cocher avait été agressé par un homme habillé tout en châle. Après l’avoir fait chuter à terre, il aurait, à main nue, égorger un de ses chevaux, pour semble t-il s’en nourrir. Naturellement, l’autre cheval a paniqué et le vacarme a rameuté des passants. L’homme étrange s’est enfui, selon le cocher en sautant par-dessus les toits. L’idée que M. Hellston puisse être responsable de cette attaque, me traversa l’esprit et ne me surprit outre mesure. Quand je lui ai donné le journal, j’ai à nouveau remarqué cette soie étrange sur le dossier de son fauteuil. Bien conscient de ce qu’il pouvait, je pense, être capable, j’ai observé le silence. J’ai continué de l’observer à travers le trou de serrure, je l’ai vu frapper du poing avec colère sur le dossier de son fauteuil à la lecture de ce qui me sembla être l’article en question.

Nuit du 22 Mars 1864

J’eus à présent la certitude que M. Hellston devenait un monstre : les mouches l’obsèdent toujours autant, les rats, ce que j’ai vu sur les draps et son fauteuil, tout, tout me dit qu’il est dangereux, qu’il va continuer et je ne sais quoi encore ce qui va se passer. Au début, j’étais enthousiasmé par la suggestion de la femme, lui faire payer toutes les horreurs qu’il a pu commettre, sa monstruosité… Mais maintenant, je commence à le regretter, si je n’avais pas laissé la petite araignée dans sa chambre… Certes, il serait toujours aussi cruel mais pas aussi dangereux qu’il l’a été. J’avais bien l’impression qu’il se transformait, qu’il se mutait en quelque chose. Une araignée ? A bien y réfléchir, il semblait avoir une phobie des araignées ; je me rappelle encore de sa trouille monumentale qu’il a eue le soir de sa morsure. Alors qu’il se transforme en cet animal… J’en ai la chair de poule…

23 Avril 1864

Ces pensées m’ont occupé toute la nuit, bien que je crevais de fatigue, je suis quand même allé travailler. Pour voir, je ne sais quelles horreurs. Avec, cette fois, une véritable peur au ventre, j’ai présenté mon bonjour à M. Hellston. A peine ai-je frappé à la porte de sa chambre qu’il l’ouvrit. Ce que je vis me glaça d’effroi. Il portait un grand châle noir en guise de vêtement, son foulard recouvrait l’ensemble de sa tête. Je n’avais pu dire si c’était lui que par la présence de son regard si caractéristique qui m’effrayait. Il était vêtu comme si son corps portait en lui quelque chose de trop effroyable pour le montrer. J’étais tellement paralysé par la peur que je suis resté immobile, à le regarder avec une peur non dissimulée.

D’une vivacité toujours accrue, il me saisit le bras pour me faire entrer. Il avait une force monstrueuse. Sa poigne était telle que j’ai cru qu’il allait me casser le bras, la douleur lancinante qui me vrilla le bras pendant des heures est encore dans ma mémoire… Sur l’instant, j’ai cru qu’il allait me dévorer, prendre la place du cheval qu’il n’avait pas eu l’autre jour. Mais j’étais paralysé, incapable de faire le moindre geste. Après avoir refermé la porte, il me mena jusqu'à la cage ou étaient enfermés les rats. Malgré mon état, j’ai vite remarqué que la femelle semblait s’occuper de petites choses roses. Je compris très vite qu’il s’agissait de ses petits. De toute évidence, la femelle que j’avais ramenée était déjà pleine et elle avait mis bas il y a peu. J’ai pu remarquer aussi un regard mêlé de satisfaction et d’impatience de M. Hellston, a cet instant, j’ai compris pourquoi il m’avait demandé de lui fournir un couple de rats…

Nuit du 24 avril 1864

M. Hellston me fait de plus en plus peur. Depuis sa morsure, il semble se transformer, je dirais même muter. Normalement, tout être humain de conscience prendrait pas cet événement à la légère. Un homme sensé ne prendrait toutes les mesures pour guérir, comprendre ce qui lui arrive, en tout cas, c'est ce que je ferais... Mais lui, il semble accepter ce qui lui arrive, à ma connaissance, il n'a pas encore tenté de se soigner ni même de se suicider. Il semble même accepter son sort. Serait-il aussi monstrueux que j'aurais pu imaginer ou alors, quelque chose l'empêche de... J'avais déjà bien du mal à le cerner auparavant, mais là... Je ne sais plus ce que je dois faire. Attendre ou agir ? Le gros problème c'est que j'ai donné ma parole de ne pas le tuer, même s'ils continuent ainsi, ce qu’il peut devenir me donne la chair de poule. J'espère que son élevage de rats suffira.

Soir du 25 avril 1864

Je me suis trompé, les rats ne sont pas pour tout de suite… Après la dure journée de travail, tout en surveillant monsieur, j'ai remarqué qu'il en prenait toujours grand soin bien qu'ils étaient morts de peur ou pris de paniques lorsqu'il s'en approchait. Comme il se devait, après avoir passé le porche de la porte, j'empruntais la rue de droite pour entrer chez moi. En passant par cette rue, je pouvais voir la façade arrière de la maison. C'est sur le milieu de la rue que j'ai stoppé le pas. En me retournant, je pouvais voir la fenêtre de la chambre de M. Hellston à travers l'œil du jardin. Elle était ouverte...

J'ai couru jusqu'au bout de la rue pour l'apercevoir, vêtu de son long châle, en train de courir en faisant des bonds impressionnants. Arrivé à auteur d'une maison, je l'ai vu sauter et atterrir sur le mur pour le grimper à une vitesse respectable alors qu'il n'avait aucune prise. Comme s'il avait la faculté une araignée à marcher sur les murs... Malheureusement, je l'ai perdu de vue à partir de ce moment-là. Résigné, je suis rentré à sa maison pour l'attendre. En entrant dans sa chambre, j'ai senti tout à coup une drôle d'odeur plutôt nauséabonde. Il était certainement parti en chasse. C'est en prenant un mouchoir dans ma poche pour me couvrir le nez tellement ça sentait mauvais que j'ai vu le tisonnier à côté du feu. J'allais le prendre pour en finir avec cette horreur quand j'ai senti une présence dans la pièce. Tout en le prenant à pleines mains, je fis volte-face et là devant moi, cette femme responsable de cette horreur. Son accoutrement n'avait pas changé depuis la dernière où nous nous sommes vus.

-Tu as promis me dit-elle.
-Laisser vivre ça, certainement pas !
-Sa punition arrive bientôt à sa fin.
-Dites-moi ce qui lui arrive, il finira par tuer un homme si je laisse vivre.
-N’ai crainte, c'est bientôt fini, mais ne le tue pas.
-Sinon quoi ?
-Tu le remplaceras.
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:05

Ces mots ne firent trembler au point que j'en tombai à genoux. Si elle avait pu faire de M. Hellston un monstre, elle n'hésiterait pas à le faire sur moi. Ce n'est qu’après qu'elle ait passé la porte que j'ai lâché le tisonnier. J'avais les nerfs tellement en pelote que je me suis mis à pleurer. Protéger un monstre ou en devenir un... Ce n'est après m'être calmé que j'ai entendu sa voix « après, il sera toi ». Je suis resté là, sans vraiment réfléchir à ce qu'il venait de se passer. M. Hellston aurait bientôt fini sa métamorphose ? Se métamorphose en quoi, en araignée ou je ne sais quoi ?si c'était le cas, j'aurais bien du mal à maîtriser un tel monstre s'il gardait la même proportion de taille. M. Hellston doit peser au moins cent kilos, alors un tel monstre...

Lorsque je suis revenu de mes pensées, j'ai remarqué que M. Hellston était rentré par la fenêtre. Il se tenait accroupi sur le plafond. Sa capuche était relevée, pendait mollement et il tenait un chien dans ce qui devait être sa mâchoire. Je n'ai pas pu discerner auparavant ce qu'il tentait de cacher avec son foulard. Le cadavre de chien était celui d’un Terre neuve, un chien presque aussi lourd que lui... J'étais complètement paralysé, incapable de faire le moindre geste, j'aurais dû fuir, courir aussi longtemps que j'aurais pu et mes muscles refusaient de m'obéir. Je suis resté là, attendant ma mort imminente. Après tout, je suis certainement plus appétissant qu'un vulgaire chien.

Lorsqu'il lâcha le chien qui s'écrasa mollement sur le sol, j'ai pu voir sa mâchoire... Elle était déformée, meurtrie par deux mandibules d'insecte ou d'araignée. Les crocs faisaient bien une dizaine de centimètres, maculés de sang qui goûtait sur le tapis. Il refit le même son aussi effrayant qu'avant. C'était ses mandibules qu'il claquait entre elles à grande vitesse. À vive allure, il rejoignit le mur pour se trouver juste au-dessus de moi. Je ne pouvais toujours pas bouger, je voyais ma vie défiler devant mes yeux. J'allais mourir par le fruit de ma colère, le motif de ma vengeance...

Il se laissa tomber devant moi, l'odeur nauséabonde venait de lui. C'était comme une odeur d'arsenic, quelque chose comme ça. Cette odeur venait de sa peau, enfin de ce qu'il en restait. Il avait pour guise de peau, une sorte de carapace noire, promptement immonde à voir. Son regard n'était plus le même. Autrefois, je voyais de la différence, après de la folie et à partir de ce moment, j'y voyais de la douleur, de la peine. Avait-il pitié de moi ? Cela m'aurait étonné. Quand il se leva, j'entendis comme l'ensemble de ses os craquer. Je ne pouvais le suivre que des yeux. Restait il encore une once d’humanité en lui ? Pourquoi m'as-tu laissé en vie... ?

Il alla à son bureau, prit une feuille écrivit ceci : donnez trois mois de congés payés aux domestiques, faites-les partir. Je peux me lâcher à tout moment et je ne veux pas que la police me trouve. Son écriture était plutôt saccadée, il mettait tellement de nervosité dans ses gestes qu'il faillit même arracher la feuille en écrivant dessus. Il a du me la ramener pour que je puisse la lire car j’étais toujours paralysé. Puis il dû me saisir le bras pour que je me relève et que je le laisse seul avec son repas.

29 avril 1864

Au petit matin, j'ai retransmis les ordres de M. Hellston au personnel de la maison. Ils furent tous surpris, ce qui ne m'étonnait pas. Par contre, la vitesse à laquelle ils mirent à vider les lieux m'impressionna. Comme si ils avaient senti l'ambiance malsaine et nauséabonde qui régnait en ces lieux. Pour mieux le surveiller, je me suis installé dans la pièce voisine à la sienne. J'avais la maison pour moi tout seul et cela me fit tout de même sourire. Très rapidement, j'ai constaté que M. Hellston semblait dormir le jour. Plusieurs fois, je suis rentré dans sa chambre et j'avais vu juste. Il avait le sommeil très lourd et quand j'ai regardé sa fenêtre, j'ai eu l'idée. Il fallait en premier lieu m'assurer que M. Hellston ne se réveillerait pas sinon il me tuerait sans hésiter. Puis faire amener des ouvriers rapides et compétents pour faire le travail en une seule journée.

J'allais mettre mon plan à exécution quand des hurlements inhumains résonnèrent dans toute la maison. J'ai rapidement compris que cela venait de M. Hellston. En courant vers sa chambre, j'aperçus la salle d'armes de monsieur. Il y avait là une véritable collection d'armes à feu et d'armes blanches à disposition. Je me suis dit que ces pièces pouvaient être utiles... C'est en arrivant devant sa porte que je fus glacé d'horreur par cette vision qui me hante encore aujourd'hui. Seigneur ait pitié de moi…

Une énorme griffe ou mandibule avait traversé la porte de sa chambre. Elle faisait bien dans les cinq à dix centimètres de diamètre et le morceau que j'ai vu dépasser le mètre de long, ce n'était qu'un morceau de ce que j'allais contempler... Je compris que M. Hellston mutait de nouveau et qui grandissait en taille. Elle disparut très rapidement dans la pièce, emportant une partie de la porte mais les hurlements n’avaient toujours pas cessé. À mesure du temps (très rapidement), les hurlements devinrent un gargouillis indescriptible pour devenir le son de claquage des mandibules si caractéristiques depuis quelque temps mais en beaucoup plus fort. Si je ne faisais rien, il sortirait de la pièce très rapidement et alors là...

Je déplaçais à grande vitesse, un buffet qui siégeait dans le couloir. Avec de grands efforts, je le plaquais contre le restant de la porte pour condamner l'accès. Au travers des déchets de la porte, je vis ce qui me faillit aller prendre une arme pour arrêter cette horreur. Le corps de M. Hellston se transformait d'une manière promptement infâme. Quatre paires de pattes d'araignée poussaient le long de son thorax. Les mandibules lui déchiquetaient les joues pour arracher sa peau morte et faire place à une carapace de chitine bien plus épaisse que la précédente. Ses membres se déformaient, son corps semblait se mutiler sur place. Il se retourna vers moi et d'un de ses bras encore valides, il le tendit vers moi et je vis alors son visage exploser et qui se métamorphosait en une tête d'araignée difforme, cauchemardesque. De l'un de ses yeux qui ne resta pas longtemps humain, je vis par ce regard un supplice, il me suppliait de le tuer pour l'épargner de sa souffrance mais je ne pouvais pas. Subir ce que j’avais sous les yeux m’enleva toute conscience et raisonnement. Peut-être d'un dernier espoir, comme s’il essayait de s'accrocher à quelque chose… Son bras tendu dans ma direction tomba en miettes pour se répandre sur le tapis dans une gerbe de carapace noire et de pus jaunâtres purulent.

C'est avec horreur que je rampai dans le couloir pour échapper à ce spectacle défiant l'équilibre psychique de toute personne qui pouvait assister à cette horreur. Si je ne faisais rien, il sortirait très rapidement de la pièce. J’entendis les meubles de sa chambre craquer ou tomber en morceau comme si il n’y avait plus de place… C'est au prix d'un effort effroyable que je me rendis dans la salle d'armes pour l'empêcher de sortir. Prenant un fusil, j'ai eu toutes les peines du monde à le charger correctement tellement je tremblais et je courus à l'extérieur de la maison vers la fenêtre. Bien que j'étais à l'extérieur, j'entendais toujours les hurlements de M. Hellston. J'ai bien vu des visages aux fenêtres des maisons de la rue mais je ne m'en souciais guère. Arrivé à sa fenêtre, les hurlements étaient nettement plus perceptibles. Tout le temps je restai devant la fenêtre pour l'empêcher de sortir si jamais il y arrivait, j'ai scruté les haies du jardin tremblant de peur que quelqu'un ne l’entende et ne vienne voir ce qui pouvait bien se passer. À mon grand bonheur, il n’a pas cassé la fenêtre. Je suis resté jusqu'à l’aube, la peur qui me dévorait l'estomac me gardait éveillé. J'aurais bien tenté de regarder par la fenêtre pour apercevoir quelque chose mais rien que l'idée qu’il me voie et me fonce dessus me figea l'esprit et c'est avec une certaine appréhension que je suis revenu à l'intérieur de la maison non sans dissimuler maladroitement mon arme quand ses hurlements finirent.

30 avril 1864

J'ai franchi la porte avec une certaine appréhension, après tout, le meuble que j'ai calé devant sa chambre ne le retiendrait certainement pas longtemps. Quand je suis entré dans le vestibule, j'ai tout de suite pointé le fusil tout en surveillant les portes, murs et plafonds. J'avais aussi l’oreille tout aussi alerte. Avec les mêmes précautions, j'ai progressé jusqu'à sa chambre. Le meuble était toujours là. Toujours alerte et prudent, j'ai regardé à travers l'ouverture pour m'apercevoir qu'il était là immobile. Grâce à la luminosité de la pièce, j'ai pu voir cette chose dans son intégralité.

Il avait bien pris l’apparence d’une araignée, une araignée gigantesque… Elle devait bien faire les quatre mètres de haut car la première articulation de ses pattes frôlait le plafond. Son corps, lui, devait faire dans les cinq mètres et son abdomen emplissait presque le quart de la salle… Sa carapace était d’un noir ébène au demeurant magnifique. Je n’ai pas pu le voir de face car son corps était dans l’orientation de la fenêtre et pour rien au monde je n’y aurais pénétré… Ce qui devait être sa tête était face à la fenêtre. Je réalisa soudain ce qui aurait pu se passer si j’avais fait le curieux tout à l’heure… Rien que par sa taille, il ne pouvait pas sortir de la fenêtre et encore moins par la porte. J’espère qu’il ne défoncera pas les murs…

Au bout de deux heures, il était toujours resté immobile. Il me fallait condamner la fenêtre, au moins ça. Cependant, je ne pouvais pas partir, le laisser sans surveillance. Posté devant la porte, j’ai attendu le passage d’un gamin pour lui demander de faire le messager. C’était un gamin des rues qui passait ses journées à fouiller des tas d’ordures pour se nourrir. Après avoir pris ma course, je lui donnai quelques pennies pour lui permettre de manger. J’ai attendu une bonne heure avant de voir arriver un ouvrier, reconnaissable à sa salopette et son allure négligée.

-Bonjour monsieur, vous vouliez me voir ?
-Oui tout à fait, j’aurais besoin de vos services. Il faudrait que vous me muriez une fenêtre.
-Ben ça, y a pas de problèmes.
-quand pourriez-vous venir ?
-Oh, pas avant demain, monsieur.
-Vous ne pourriez pas venir plus tôt ?
-Ah ça non, je suis désolé. J’ai un chantier en cours.
-Pourquoi pas ce soir ?
-Hein ? Je suis désolé de vous dire ça mais il fait nuit rapidement monsieur, j’ai pas envie de travailler avec une bougie.
-Et si je doublais vos honoraires ?
-Ben…
-Je triple… ?
-Ça me va, monsieur, je passerai ce soir à dix huit heures ?
-Très bien, je vous remercie. Vous serez seul ?
-J’ai mon apprenti avec moi.
-Très bien, je vous attends ce soir.

Notre conversation terminée, je l'ai regardé partir tout en se grattant la tête. Le fait que je lui ai demandé de venir ce soir, et en plus s’il était seul a dû le laisser perplexe. Tant pis, le mal est fait. Un peu avant dix-huit heures, je suis retourné à la salle d'armes pour prendre un pistolet. On ne sait jamais, si M. Hellston passait à l'action, j’aurais de quoi le garder à distance et supprimer l'ouvrier et son apprenti. Au besoin, je terminerai le travail seul. Peu de temps avant son arrivée, j'ai mis mon manteau avec mon arme dans la poche. À peine ont-ils tiré la sonnette que je suis parti les rejoindre. L'apprenti n'avait pas plus de dix ans... J'espérais que tout se passerait bien... Je les ai conduits dans le jardin pour leur désigner la fenêtre à condamner. Je les ai aidés pour amener le matériel sur place puis je suis resté avec eux pour les surveiller. Jamais je n'ai été aussi impatient que tout cela se finisse, je n'arrêtais pas de faire les cents pas tout en surveillant la fenêtre.

-Vous en faites pas, monsieur, je vais faire vite.
-Oui s'il vous plaît.

Alors qu'ils avaient fait la moitié du travail, j'ai remarqué que les rideaux de la fenêtre avaient bougé. M. Hellston avait dû remarquer leur présence. M’apprêtant au pire, j'ai serré la crosse de mon arme entre mes doigts, prêt à la sortir. Ce n'était pas M. Hellston que je visais mais eux. Tout s'est passé tellement vite. En l'espace de quelques secondes, la fenêtre avait volé en éclats et les énormes mandibules de M. Hellston avaient agrippé l'apprenti. La surprise de l'ouvrier était tel qu'il était resté là sans bouger, ne réalisant pas ce qui venait de se passer. J’ai eu jugé largement le temps de sortir le pistolet de ma poche et de l’assommer avec la crosse. Il aurait été inconscient de ma part de tirer, la détonation aurait attiré l'attention. Pour être sûr qu'il ne se réveillerait pas de sitôt, je lui ai frappé deux fois sur le crâne. J'ai regardé par-dessus la haie du jardin... Personne. Prenant l'ouvrier par-dessus mon épaule, j'ai couru aussi vite que j'ai pu jusqu'à la maison. Heureusement pour moi il n'y avait personne dans la rue. En arrivant devant la chambre, une terreur sans nom envahissait mon être, je pouvais entendre un bruit de succion dans la chambre. M. Hellston était en train de dévorer l'apprenti. J'ai hésité à m'approcher pendant un moment, redoutant le spectacle qui s'offrirait un mois. Mais l'ouvrier émit un gémissement.

Déglutissant avec difficulté ma salive, je me suis avancé devant le meuble et j'ai déposé l'ouvrier à côté. J'aurais aimé ne pas regarder cette scène. En retirant le buffet, j'ai vu... J'ai vu l'apprenti entre les mandibules, on aurait dit un mannequin désarticulé. Il gisait mollement sans bouger cette tête était en arrière, de sorte que je pouvais voir son visage. O seigneur, il avait une expression de terreur sur son visage que je ne saurais décrire. Le pire c'est que j'ai vu ses yeux bouger, il est encore vivant et conscient. M. Hellston avait dû l’empoisonner ou quelque chose comme ça car il était manifestement paralysé. Je n'ai pu me retenir de vomir à cette vision.

L'ouvrier se mit à remuer, il devait reprendre conscience. Je l'ai pris par les pieds et je l'ai traîné jusqu'à l'encadrement de la porte. Je le fis rouler dans la pièce aussi rapidement que j'ai pu et je remis en place le meuble. Je suis resté là, appuyé contre le mur, pleurant comme un enfant lorsque j'entendis les hurlements de l'ouvrier.

1 Mai 1864

Finalement, ce sont les rayons du soleil qui m'ont rendu à la réalité. Avec toute la volonté qui restait en moi, je me suis levé et je suis sorti. J'ai croisé un jeune couple en sortant de la maison, ils m’ont regardé bizarrement. Il faut dire que je n'avais pas fière allure ; mon manteau était recouvert en partie de mon vomi, je devais avoir un visage à faire peur je tremblais comme un fou. Sans y prêter la moindre attention, je suis passé dans le jardin. Il y avait encore les outils, l’échafaudage et les briques. D'un geste nonchalant, je suis monté sur l'échafaudage et j'entrepris de terminer le travail. J'ai très vite arrêté cette entreprise quand j'ai réalisé mon erreur. En levant les yeux, j'ai vu ceux de M. Hellston (je doute d'ailleurs si on peut encore si l'appeler ainsi) me fixer.

Il n'avait bien évidemment plus une seule paire d'yeux et quatre. Huit yeux gros comme des oranges d'un rouge reluisant me fixait. La fenêtre était en miettes, donc à sa merci. Heureusement, j'avais encore le revolver en poche. Je l’ai pris aussi vite que j'ai pu pour mettre en joue cette chose qui ne m'inspirait maintenant que peur et dégoût. Pendant ce laps de temps, j'ai pu voir ce qui restait de la pièce. La même soie, que j'avais trouvée les autres jours, tapissait l'ensemble de celle-ci. Les meubles étaient en charpie et la cage de rats était éventrée. Par contre je ne vis nulle part le corps de l'ouvrier et de son apprenti. Tout en le maintenant en joue, j'ai terminé le travail et ce ne fut pas une mince affaire. Avant de poser la dernière brique, j'ai quand même risqué un œil pour le voir, pourquoi ? Je ne sais pas mais j'ai vu ses yeux se plisser et me fixer intensément. C'est bientôt fini me disais-je, et plus tôt sera le mieux...
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aarhon
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:06

4 Mai 1864

Je suis resté trois jours dans la pièce, tentant vainement d’avaler un peu de nourriture et de savoir quoi faire. Jamais je ne pourrai retenir cette horreur aussi longtemps que je le voudrais. Il finira bien par sortir de cette pièce. J'ai beau et réfléchir, je ne vois toujours pas comment faire. Je me suis également posé la question de comprendre pourquoi cette métamorphose a pris une tournure aussi rapide car au début, sa métamorphose se faisait lentement. Mais là... Est-ce que la femme aurait accéléré le processus pour préserver ma santé mentale ou bien pour torturer davantage M. Hellston... À ce jour je n'ai toujours pas trouvé la réponse.

5 Mai 1864

M. Hellston s'est montré particulièrement agité aujourd'hui, je l'entendais sans cesse bouger et il semblait tester la solidité des murs car j'ai entendu des bruits sourds venant de son « antre ». Il devait avoir faim...

6 Mai 1864

Lorsqu'on a tiré le carillon, j'ai sursauté de peur. Rassemblant mes idées, je suis parti voir qui cela pouvait bien être. En ouvrant la porte, mon sang s’est glacé, l'homme qui se trouvait devant la grille était un policier de Scotland Yard en civil. Je l'ai su car il avait son insigne dans la main. Prenant un manteau, j'ai descendu les marches du perron pour lui ouvrir les grilles L’ouvrier avait dû parler…

-Bonjour monsieur, inspectant Belley de Scotland Yard
-Bon… bonjour, que puis-je pour vous ?
-Puis-je entrer ?
-Bien sûr, je vous en prie.

Je ne pouvais pas lui refuser, cela aurait attiré ses soupçons. A peine était-il rentré qu’il ôta son manteau et le posa sur le portemanteau.

-Que puis-je faire pour vous Inspecteur ?
-Vous avez fait des travaux récemment ?
-Heu… Oui, c’est vrai.
-Bien, quels travaux ?
-Heu… M. Hellston a voulu condamner une fenêtre.
-Hum hum, dans quel but ?
-Ça je l’ignore, je n’ai fait qu’exécuter ses ordres.
-Qui a travaillé chez vous ?

Cette question me laissa sur place, je n’avais pas demandé le nom de l’ouvrier et de l’apprenti, à vrai dire, cela ne m’avait pas intéressé le moins du monde.

-M. Hellston doit avoir l’information, je n’ai pas demandé son nom.
-M. Mac Redley, maçon de profession. Sa femme affirme que vous l’avez embauché pour effectivement condamner une fenêtre. Pourquoi la soirée ?
-Pardon ?
-Pourquoi avez-vous insisté pour qu’il vienne travailler le soir ?
-C’est que… Je suis très occupé la journée et M. Hellston a voulu que le travail soit fait le jour même.
-Le jour même… M. Hellston a voulu que vous les assistiez lui et son apprenti ?
-Il a voulu que je les surveille. Pourquoi, que se passe t-il ?
-M. Mac Redley n’est pas rentré chez lui depuis cinq jours, et son apprenti non plus.
-Je vois… M. Redley a bien fini son travail chez nous, je lui ai payé ses honoraires et il est parti. Je ne peux rien vous dire de plus. Désirez vous une tasse de thé ?
-Plus tard, pourriez vous me montrer son travail ?
-Bien sûr, c’est par ici.

Je l’ai conduit dehors pour lui montrer la fenêtre. J’avais pris soin de cacher l’échafaudage et le matériel dans la cave, j’espérais qu’il ne demanderait pas de la visiter… J’ai cependant bien vu que l’inspecteur se posait beaucoup de question sur cette fenêtre.

-Si vous voulez bien rentrer, je vais préparer le thé.
-Oui, bien sûr. Savez vous pourquoi cette fenêtre devait être scellée ?
-Non, je l’ignore.
-M. Hellston est-il présent ?
-Non plus, il est à Paris.
-Hum hum…

Il avait le regard alerte, manifestement, il devait se douter de quelque chose. Pendant que je préparais le thé, je pensais à la façon de me débarrasser de lui s’il venait à découvrir ce qu’il y avait dans cette chambre. Bien sûr, l’assassiner me semblait impossible, sa disparition serait beaucoup moins discrète qu’un simple ouvrier et Scotland Yard n’est pas une simple police. Je le fis entrer dans un salon qui était aussi loin que possible de la chambre afin qu’il ne puisse rien entendre si jamais monsieur faisait des siennes.

-Vous êtes seul ?
-Pardon ?
-Il n’y a aucun domestique ici, M. Hellston est-il si économe ?
-Je vois que sa réputation est légendaire. Je suis effectivement seul à faire son travail et son ménage.
-Hum hum, qu’y a-il dans la pièce ?
-Laquelle ?
-Celle qui est emmurée.
-Heu… Je devais vite trouver une réponse qui le satisferait mais je dois avouer qu’il m’a pris de court.
-Et bien ? Son regard était devenu à ce moment le miroir du soupçon.
-C’est… un vieux débarras.

En relevant la tête, j’ai aperçu un mouvement derrière lui. Rapidement, j’ai regardé autour de moi pour m’apercevoir que la porte adjacente qui donnait au couloir secondaire était ouverte. Elle était toujours fermée…

-Vous ne savez vraiment pas pourquoi il a voulu emmurer la fenêtre, moi je trouve cela plutôt inhabituel, pas vous ?
-Heu… M. Hellston est quelqu’un d’assez original, voyez-vous. Il m’a demandé bien plus étrange que ça.
-Comme quoi ?

Relevant à nouveau la tête, j’ai failli renverser la tasse de thé que j’avais dans la main par ce que je voyais. Une araignée tout à fait semblable au monstre dont j’avais la charge mais d’une taille plus respectable (haute d’un mètre environ) commença à grimper sur le mur dans un silence quasi absolu. L’inspecteur ne l’avait point vu du fait qu’il lui tournait le dos. La peur m’envahissait à grande vitesse. Jamais je n’ai eu aussi mal au ventre et j’ai cru que mon cœur allait exploser tant l’adrénaline circulait en moi…

-Vous allez bien ?

Certainement pas. Toujours dans le même état, je ne pouvais pas lui répondre, je devais être blanc comme la mort et la tremblote prit possession de moi. L’araignée avait à présent gagné le plafond, se tortilla un peu et fixa l’inspecteur. Celui remarqua aisément que je semblais suivre quelque chose du regard. Avec mon visage blafard, mon regard apeuré et mon corps tremblotant comme si j’avais la mort en face, il regarda dans la même direction que moi. Pourquoi n’avais-je pas réussi à me maîtriser…

-Sainte… Marie, mère de…

Ses mots s’étouffèrent dans sa gorge en contemplant cette vision de cauchemar… Devant ce véritable monstre, l’inspecteur fit un pas en arrière et chercha rapidement à saisir de quoi se défendre. Avant que j’aie pu me lever, l’araignée bondit sur lui. Le choc fut suffisamment puissant pour faire trembler les murs et provoqua ma chute. Je n’ai même pas réagi quand le thé encore brûlant se répandit sur moi, tellement j’étais en proie à la panique. J’ai rampé jusqu’au canapé pour chercher un abri, n’importe quoi. Quand j’ai tourné la tête, l’inspecteur gesticulait comme un forcené tout en hurlant à plein poumon. L’araignée était sur lui et cherchait à l’immobiliser.

J’aurais aimé agir, faire quelque chose mais je claquais des dents tellement fort que j’aurais pu les casser. A vrai dire, il valait mieux ne rien faire, l’inspecteur avait vu ce monstre et il n’aurait jamais tenu le silence. Je n’avais plus qu’à me débrouiller pour masquer les pistes. L’idée, si c’était bien M. Hellston, m’effleura l’esprit malgré la situation et je me mis à espérer que l’inspecteur se fasse tuer… L’inspecteur était toujours en bagarre avec l’araignée, j’avais le champs libre, j’ai à nouveau rampé vers la porte aussi vite que j’ai pu, mais l’inspecteur arriva finalement à se dégager. Je ne sais comment il s’y est pris mais il a réussi à se relever. Il tenait les mandibules de l’araignée entre ses mains et luttait de toutes ses forces pour repousser le monstre.

J’étais arrivé à la porte quand il réussi à repousser son assaillant pour venir se jeter sur moi. Il me plaqua violemment sur la porte au point de faillir m’assommer. Je n’ai repris mes esprits qu’une ou deux secondes plus tard pour avoir en face de moi son visage, semblable au mien, transfiguré par la peur… L’araignée était sur nous et elle avait planté ses crocs au niveau des épaules de l’inspecteur. Le poison paralysant devait déjà faire son effet. Lentement, l’araignée s’écarta tout en traînant le corps de l’inspecteur vers le sol. Je suis resté là, immobile, pétrifié d’horreur et je l’ai regardé se faire dévorer. J’ignore combien de temps cela a duré, une heure, peut-être deux.

L’inspecteur était effectivement paralysé, immobile et sans défense. Avec un effet relativement rapide, son corps s’était mis à gonfler, pas de façon excessive mais remarquable à l’œil nu. Ensuite, l’araignée lui déchira le ventre avec ses mandibules pour sucer un étrange liquide ou purée de couleur jaunâtre du corps de l’inspecteur. D’après ce que j’ai pu apprendre bien plus tard, l’araignée injecte un poison dans sa victime pour le paralyser, ce poison a aussi la faculté de liquéfier les organes internes pour qu’ensuite l’araignée puisse s’en repaître. Rien que d’y penser, un frisson m’envahit… A mesure que l’araignée absorbait cette étrange mixture, le corps semblait se dessécher, comme s’il se vidait de toute substance. Après que l’inspecteur ne soit plus qu’une momie, un tas d’os et de peau, l’araignée ingurgita le reste du corps. Le bruit de succion et de mastication lors de son festin et le son des os craquelant dans sa mâchoire resteront encore dans ma mémoire pendant longtemps… Après l’avoir dévoré, l’araignée se retourna vers moi.

7 Mai 1864

Je me demande encore pourquoi il m’a épargné. Je ne l’avais pas nourri depuis plusieurs jours et l’inspecteur Belley à du être un véritable festin. J’ai bien vu qu’il hésitait longuement avant de me sauter dessus, prêt à me dévorer. Quelque chose ou quelqu’un l’a dû l’en empêcher. La femme… oui, bien sûr, ce ne pouvait être qu’elle. Du moins je l’espère… Bien que j’ai hésité longuement sur la question, j’aurais du deviner pertinemment que c’était bien M. Hellston. Après qu’il se soit tourné vers moi, ses crocs encore dégoulinant de cette substance jaunâtre, j’ai ouvert la porte tout en me plaquant au mur. Elle a avancé tranquillement pour se faufiler dans l’ouverture d’un geste lent mais sur. Elle a du se contorsionner un peu pour passer et une de ses pattes se posa devant moi, lors de son avancée. Elle me frôla la cuisse, rien que par ce contact, j’en ai uriné dans mon pantalon tellement j’eus peur et fus dégoûté de ce contact…

Je l’ai suivie dans le couloir, et comme je devais m’y attendre, elle rentra dans la chambre. Le meuble était simplement poussé et on pouvait facilement y rentrer. Je n’ai pas osé, rien que l’odeur m’y empêchait d’ailleurs. J’ai néanmoins remarqué une grotte artificielle qui avait été faite dans le coin droit de la pièce. M. Hellston s’y engouffra et cessa de bouger. Comme s’il attendait le prochain repas. Quand j’ai vu ce qu’il a fait à l’inspecteur Belley, je n’ai pas cherché les corps de l’ouvrier et de son apprenti. Si elle continue à rapetisser de cette manière, elle aura bientôt une taille plus conventionnelle, du moins je l’espère. Vivement qu cela se termine…

12 Mai 1864

Afin d’éviter tout problème, j’ai nourri monsieur avec des malandrins. Ce ne fut pas chose facile au début mais au moins, monsieur est plus calme. Pour cela il me fallait juste de me promener sur les embarcadères de la tamise pour que je me fasse aborder par un ivrogne ou agresser par un petit voyou. Généralement cela se passa de deux manières différentes : Avec quelques bouteilles bien senties, l’ivrogne me suivait jusqu’à la maison et là soit l’homme était trop saoul pour réagir à quoi que ce soit ou il est paralysé par la peur. Soit à la simple vue de mon pistolet, l’homme se faisait des plus dociles et je laissais monsieur chasser dans la maison. Une fois, un de ces malandrins avaient failli réussir à s’enfuir. M. Hellston était dans le couloir à chercher je ne sais quoi. Quand nous avons débouché du coude du couloir, nous nous sommes retrouvés face à face. Le jeune voyou en resta bouche bée face à cette chose et sa peur bien légitime lui donna des ailes. Il avait réussi à revenir à la porte d’entrée pour fuir et monsieur l’attrapa juste avant qu’il n’ait pu l’ouvrir.

Ce que j’ai fait n’est pas chrétien, je l’accorde mais peu m’importe. Rien que le fait d’avoir posé cette bourse dans la chambre me condamna à l’avance. Je fus par contre surpris de ne pas avoir eu de visite de Scotland Yard, après tout, un de leur inspecteur avait disparu. Dans les premiers jours qui suivirent, j’épiais régulièrement la rue, de peur de les voir arriver mais maintenant, j’ai l’esprit tranquille, la femme devait veiller sur nous. En toute logique…

18 Mai 1864

La taille de monsieur avait encore diminué. A présent, il n’était pas plus gros qu’un chat et je pouvais le nourrir avec des rongeurs ou des chiens. Oh, bien sûr, il y a eu des signalements de disparition dans le quartier des embarcadères, mais qui se soucie de criminels et de rebus de société, je vous le demande. Par sa taille, je pouvais sans risque le laisser gambader dans la maison. Bien sûr, je le surveillais et je nettoyais la toile qu’il laissait un peu partout. Manifestement, cela le mettait en colère mais rien que le fait de le menacer de ne pas le nourrir le calmait rapidement. J’ai trouvé là une certaine satisfaction, lui qui n’avait jamais cessé de me terroriser, il m’obéissait au doigt et à l’œil…
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptySam 18 Déc 2010 - 22:06

19 Mai 1864

J’ai acheté un vivarium pour monsieur, il y sera très bien une fois qu’il sera aussi petit qu’une araignée de maison. Je sais qu’il n’appréciera guère mais je m’en moque, maintenant c’est mon tour. Afin de ne pas être trop gêné pour la suite des évènements, j’ai accordé en falsifiant la signature de M. Hellston, deux mois de congés supplémentaires aux domestiques. Je ne les ferai revenir qu’une fois que j’aurai nettoyé la chambre.

21 Mai 1864

J’ai joué un joli tour à M. Hellston, il en a tremblé de rage. J’étais en train de lire le journal quand il est monté sur moi. J’étais tellement surpris que j’ai échappé un hurlement, je dois dire assez audible. Bien qu’il avait encore rapetissé, il demeurait encore imposant. Il m’avait tellement énervé que je l’aie mis dans le vivarium. Il s’est laissé faire car un chat que j’avais capturé s’y trouvait. Pendant qu’il le dégustait, j’ai refermé le couvercle du vivarium et j’y ai posé des briques pour qu’il ne puisse pas le soulever pour s’y échapper. Il a essayé de sortir bien évidemment mais apparemment le poids que j’avais mis sur le couvercle faisait l’affaire. Bien entendu, je l’ai laissé dedans car je le savais revanchard. Ses crocs étaient encore redoutables. Quand sa taille conviendra, je les lui couperai.

22 Mai 1864

Il est dedans depuis hier et il n’est pas content… Je m’amusai parfois à me poser à genoux devant sa merveilleuse cage en verre et à pendouiller une souris devant lui. Dire qu’il me terrifiait autrefois. Maintenant, j’ai un nouveau jouet. Demain, je commencerai à nettoyer sa chambre, je ne sait pas comment je vais m’y prendre pour me débarrasser de la toile mais il est hors de question de tout brûler, cela va de soi.

24 Mai 1864

J’étais exténué, je ne pensais pas que sa toile était aussi résistante. Cela va me prendre des jours pour tout enlever mais je pense que cela ira. J’ai nourri M. Hellston avec une portée de chatons nés il y a à peine quelques jours. Quand je lui ai présenté son dîner, il devenait immédiatement coopératif. Avec précaution, j’enlevais le tas de brique pour prendre ensuite un chaton.

-Monsieur, si vous tentez quoi que ce soit, je vous laisse mourir dedans, c’est bien compris ?

Il inclinait les pattes pour imiter le rabaissement, signe de domination et d’obéissance. Bien entendu, j’avais un pistolet à côté de moi, on ne sait jamais. Délicatement je posai le chaton dans le vivarium tout en jetant un œil sur lui. Il ne fit rien pour tenter de s’échapper ou de s’attaquer à moi. Il savait pertinemment que je ne plaisantais pas.

28 Mai 1864

Ça y est, j’ai fini la chambre, j’ai enroulé la toile dans des bâches en toile pour les brûler dans le jardin. Quant aux meubles, enfin ce qui en restait, ils ont nourri le feu de cheminée. Bien sûr, j’ai fait détruire le mur de la fenêtre condamnée pour y mettre une baie vitrée. J’ai déposé monsieur sur le rebord de la cheminée, il fera une très belle décoration. Une araignée chez soi, c’est d’un chic… !

29 Mai 1864

En inspectant le bureau qui heureusement était resté intact, j’ai retrouvé son livre de compte, tout était là. Bien qu’il ne puisse plus gérer ses affaires, il aurait été dommage de laisser s’écrouler son entreprise. Grâce à mes talents de faussaire, j’ai rédigé un acte d’héritage de son affaire à mon nom. Après avoir formulé les tractations nécessaires avec la banque, les organismes officiels et autres tâches nécessaires. Maintenant, tout est à moi.

15 Juillet 1864

Les domestiques sont finalement rentrés avec une certaine amertume, je dois dire. Lorsque je leur annonçai le départ de M. Hellston des affaires et de mon héritage, ils en restèrent bouche bée, comme si un armistice fut déclaré. Bien sûr, je voyais dans certains regards que j’aurais pu l’assassiner mais la disparition de ce monstre suffisait à satisfaire n’importe qui. M. Hellston était toujours dans son vivarium et sa taille était des plus normales, à peine quelques centimètres de diamètre. Les domestiques s’intéressèrent grandement à cet animal si exotique. Il était si rare dans voir une en captivité.

Les voir s’extasier, taper sur le verre pour l’interpeller et rire de ses cabrioles tellement il devait être effrayé me faisait rire à pleine gorge. Lui qui les terrorisait autrefois les faisait rire à présent. Des fois, je le sortais de la cage pour l’emmener dans le bureau. Il n’arrêtait pas de tourner dans tous les sens quand je lui montrais le livre de compte de son affaire. Les bénéfices étaient en chute libre et ses chères Livres Sterling si précieux pour lui disparaissaient à grande vitesse. Bien sûr, le livre de compte était un faux que j’avais réalisé à son égard pour le torturer. Le vrai, en bonne et due forme était dans une autre pièce. Mais le voir paniquer ainsi me satisfaisait et je ne pouvais m’empêcher de rire…
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 1:36

Merci aahron , petit poème à côté de tes longs récits .
Mon petit poème est interprêté de plusieurs façons selon celui qui le lis.Moi, je l`ai écris et il a qu`une signification .

J`aime ce que tu écris je n`ai pas encore tout lu par faute de temps,mais cela fait une excellente pause-café .
ca vaut la peine d`être lu Tu a une plume exceptionnelle.
J`aime bien ce que tu fais.
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 1:39

merci Smile c'est du sacré travail quand même. j'ai dû aller dans un atelier d'écriture pour travailler mon style. te raconte pas mes premiers essais >.>

si tu en a d'autres comme ça, hésite pas Wink
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 1:52

Oui j`en ai d`autres ,mais j`écris seulement par plaisir , c`est mon exutoire ma façon de ressortir ce qui ne doit pas rester coincé....donc je me livre beaucoup,alors je garde pour moi Wink
je voulais seulement participer...laisser ma trace....je laisse la place à ceux qui le veulent bien ,moi je garde mes petits secrets et je vous lis Smile
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 1:56

du moment que tu le fais par plaisir envers toi même et le faire partager aux autres, personne ne peux te l'interdire ^^. Libre a toi d'écrire ou pas, libre a toi de dire ou pas. Tu le fait POUR toi Smile

texte que j'ai lu un jour :

"Pense à toi, à ne pas avoir peur d'être jugé, aimé ou méprisé. Qu'importe ! Il faut s'interdire le moins de chose possible, ne pas s'autocensurer. Déculpabilise tes désirs des conventions qui te frustres. Assume tes choix, ton apparence, tes valeurs. Prend sur toi et révèle toi dans toute ta splendeur en ignorant le courroux d'autrui. Sans cesse continue le combat. Et alors tu verras que beau ou laid, riche ou pauvre, accepté ou rejeté...Tu auras gagné quelque chose que d'autres n'ont pas...Une liberté absolue...qu'ils t’envieront et une sincérité envers toi même, peut-être même une fierté inébranlable qui les agacera...et chaque fois tu pourras te dire que tu aime qui tu es, peu importe ce qu'ils disent...toi tu seras indubitablement LIBRE"
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 2:09

Le texte est bien.... ou lala qu`il me ressemble(en plein dans le mile)...Je n`ai pas peur d`être jugée,je me fous qu`on m`aime ou pas...je suis une personne libre comme l`air (...)et je pourrais reprendre ton texte mots pour mots qui me colle à la peau...
la seule raison que je ne publierai plus...c`est que j`ai tout simplement pas le goût d`étendre tous mes états d`âme ici Embarassed trop personnels pour publier à des inconnus...
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyDim 19 Déc 2010 - 2:11

pas de soucis Smile calin
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMer 12 Jan 2011 - 16:41

re bonsoir Wink

voila, je joue a un jeu flash sur internet. on y crée son empire galactique et ceci tout en multijoueur. j'ai crée un event et une histoire en perpétuelle évolution sur mon empire. voici le lien de cette histoire :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

il n'est pas encore finit bien sûr mais une suite est déjà prévu ^^

bonne lecture Smile

P.S. : si vous voulez tenter l'aventure, je suis prêt a vous aider a vous développer et assurer votre protection dans ce jeu. mp moi pour info ^^
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 21:31

Ma dernière nouvelle en date :

Un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle se remémorait leur première rencontre, c’était en 1983 et elle avait alors vingt deux ans, elle était jeune, un peu timide et bientôt elle allait rencontrer l’homme de sa vie, celui qu’elle aimerait à jamais. Elle y croyait sans trop y croire et pourtant cela arriva.
C’était une journée tout à fait anodine, un jour d’hiver où il faisait froid. Elle aimait sentir l’air vif sur ses joues et c’est pourquoi, ce jour là elle était sortie lire dans le parc qui se trouvait en bas de chez elle.
Soudain,le soleil cessa d’éclairer son livre et elle leva la tête : un homme setenait devant elle, un marque-page à la main et ce sourire, ce si beau sourire pour lequel elle tomberait…
Elle entendit la porte claquer et ce bruit la ramena dans le présent ou elle reprit le ménage. Il n’aimait pas que la maison soit sale. Elle l’attendait car elle avait mis une belle robe pour lui et espérait qu’il la remarque. Quand il passa la porte de la cuisine, elle faisait la vaisselle. Sans faire attention à elle, fatigué par son travail, il se servit un whisky, puis un deuxième, puis un troisième et enfin sembla se souvenir de son existence. Il nota qu’elle avait une belle robe et cela l’excita, il la fit venir à lui et commença à la déshabiller. Il lui fit l’amour avec violence comme la plupart du temps quand il avait bu. Elle, repensait à
l’année 1984, au début de leur relation, quand il était si tendre
avec elle. Elle ne se rappelait plus comment tout ça avait commencé, pourquoi il avait commencé à boire. Le travail probablement mais il y avait toujours son sourire, qui tandis qu’elle le voyait danser dans ses souvenirs, revenait encore et encore. Quand il eu fini, il la repoussa et se servit encore un whisky qu’il bu d’un trait avant de s’en servir un cinquième. Pendant ce temps elle se rhabilla, encore meurtrie et son
regard croisa les yeux écarquillés de son fils, son enfant de quelques années seulement.


L’enfant regarda alors son père et celui-ci lui lança alors «sors de là, va dans ta chambre ». L’enfant s’enfuit alors sans demander son reste et l’alcool aidant, l’homme trouva que la robe que sa femme avait mis était décidément belle et un doute vint s’insinuer dans son esprit.« -Pour qui tu t’habilles comme ça ? » Elle répondit « Pour toi mon amour » mais il ne la crut pas et commença à l’interroger « T’es sortie aujourd’hui ? T’as été voir qui » Elle eu beau lui jurer qu’elle n’était pas sortie, il ne la crut pas et commença à la secouer rudement « MENTEUSE !! Je sais que tu me trompes, avoue !! » Et il commença à frapper. En entendant sa mère crier, l’enfant se précipita et s’accrocha au bras de son père pour le faire lâcher. Mais une claque le fit voltiger et il fila se cacher sur les marches de l’escalier. Il resta là les yeux écarquillés, regardant à travers les barreaux de l’escalier qu’il serrait si fort que les jointures de ses mains blanchissaient, comme hypnotisé par le spectacle atroce, de son père frappant sa mère. Dans sa tête, repassaient les souvenirs de jours si semblables à celui là, bientôt, son père s’arrêterait et il descendrait alors panser les blessures de sa mère. Elle lui répéterait alors que ce n’était pas grave et qu’il ne fallait pas qu’il s’inquiète, que son mari les aimait elle et lui, et le lendemain ou le surlendemain, la scène recommencerait
comme un cauchemar sans fin.


Il frappait toujours, se défoulant de cette foutue journée où il s’était fait engueuler par son patron, où son banquier avait appelé, il était encore dans le rouge, c’était sa faute à elle ça ! Avec ses foutues robes ! Tout ça pour aller se faire sauter par le voisin, elle le trompait il en était sur ! Il mit sa rage et sa fureur dans ses coups et tandis qu’il frappait, elle repartait en 1983, sur ce banc levant la tête et voyant son magnifique sourire qui, à présent n’était plus que rictus. Elle ne sentit pas qu’il avait arrêté de frapper et s’était affalé sur une chaise en se prenant la tête entre les mains et qu’à présent il pleurait. Pas plus qu’elle n’entendis son fils approcher d’elle et l’appeler doucement, de sa voix fluette. Tandis que la vie quittait son
corps, une chose, seule, subsistait : son sourire, son si beau sourire…


Sylane
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 22:11

pourquoi vivre une vie dont on a pas envie?
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 22:59

Parce qu'on se raccroche au sourire de l'homme qu'on a aimé et que malgré tout on aime encore
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 23:07

Sylane a écrit:
Parce qu'on se raccroche au sourire de l'homme qu'on a aimé et que malgré tout on aime encore
félicitation, tu decroche la palme... j'avais mis cette "question" sur msn il y a 5/6 ans, et a chaque fois on me disais "ne pense pas a sa, il ne faut pas broyer du noir" ou encore "tu es suicidaire" en définitive, cela voulais dire, si t'aime pas ta vie, fais en sorte qu'elle soi meilleur...
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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 23:31

Houa c,est tres dur mes tellement vrai et bien écrit , est pleins de details trop troublant pour moi ..
Jai l,impression de revivre l,histoire de mes parents a quelque détails prêt .
Il ma fallu des années pour évacuer tout ça.
Sylane c,est super ce que tu écrit , et ça fait plaisir de te retrouver .. sunny
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Sylane


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MessageSujet: Re: Vos créations : écritures   Vos créations : écritures - Page 3 EmptyMar 6 Déc 2011 - 23:43

merci Cass' !! Je voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs :S ! Wi c'est très dur mais le problème est que ça a toujours été d'actualité...Merci en tout cas pour le compliment ça me touche, j'ai essayé de retranscrire un phénomène que je n'ai moi, pas connu (je touche du bois) et c'est pas si simple

@ tétard : et du coup t'en dis quoi? C'est une bonne raison tu pense?
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